CHALLENGE 2021 LES POÈMES DE L'AUBE de MAI à AOÛT Un poème chaque matin...
SEPTEMBRE

Photo de l'auteure
(1) HAÏKU 112
Sors de ta coquille Ne reste pas dans le noir et reprends espoir
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(2) HAÏKU 113
Franchis l’océan en effleurant la surface tel un cormoran
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(3) MAILLES
Lorsque tout chancelle, les fils s’entremêlent, se croisent à l’infini, fils de peur et de survie. Mailles d’un filet de sang qui enserre et qui s’étend.
Monde irrationnel qui se démantèle. Certains meurent, d’autres s’enfuient ou bien sombrent dans l’oubli. Les fous ont pris le pouvoir, et sèment le désespoir.
Ils sont tous imbelles, cherchant l’essentiel. Regards jaunis par le sable, regards noirs et immuables. Ils se tournent vers le ciel qui les prendrait sous son aile.
Les fils s’entremêlent. Combat perpétuel. Qui écoutera leurs cris ? Leurs larmes se sont taries. Dans la grisaille d’un soir s’est évanouie leur histoire.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(4) À VOL D’OISEAU
A vol d’oiseau, où se situer dans cet univers sans couleurs ? Forêts blanches sur les plateaux, falaises noires, rivières en apesanteur...
Où sont partis le bleu du ciel, le vert d’un sous-bois enchanteur, les traînées de rose orangé quand vient le soir, les arcs-en-ciel brodés de fleurs ?
Tout est grisaille. Il suffirait qu’un peintre dépose en douceur des touches de soleil éparses, aléatoires, mille nuances de couleurs.
Il aurait sans doute suffi... mais cela ne s’est pas produit. A vol d’oiseau, le jour s’enfuit. Sans bruit.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(5) HAÏKU 114
L’horizon s’éveille pose un voile de lumière Marche douce-amère
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(6) CYCLE DU TEMPS
Le cycle du temps s’inverse un instant, et tu t’interroges : qu’y a-t-il après l’expansion finale ? Qu’y a-t-il avant le bam du Big Bang ? Tu pressens ainsi la fin qui s’étale en un éternel recommencement.
Le temps se déforme et tout accélère, cercles concentriques, bulle aléatoire ou monde à l’envers. Tu entends déjà, loin dans l’univers, le bam du Big Bang, autre et identique qui ébranlera l’avenir cosmique.
Le cycle du temps n’est pas immuable. Tu ne peux comprendre le chant des étoiles, le souffle du sable, l’ombre des trous noirs incommensurable. Et le temps s’écoule dans un sablier, un grain après l’autre... en milliards d’années.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(7) PIERRE ANGULAIRE
Quel est l’endroit ? Quel est l’envers ? Le lac révèle ses mystères. Le jour est sombre, la nuit est claire. Recherche la pierre angulaire.
Quel est l’envers ? Quel est l’endroit ? Le lac n’est pas ce que tu crois. La nuit frémit, le jour s’étire. La pierre est dans tes souvenirs.
Quel est l’endroit ? Quel est l’envers ? La brise effleure la surface et les abords d’un lac de glace. L’ombre d’un aigle plane et s’efface.
Quel est l’envers? Quel est l’endroit ? La pierre existe, elle est en toi. Le jour hésite, la nuit flamboie. Ecoute l’écho de sa voix.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(8) HAÏKU 115
Eclats dans la nuit Ce fut un instant fugace Puis tout s’évanouit
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(9) SPHÈRE
Regarde devant toi. Est-ce un soleil tombé un matin de septembre, étoile qui rougeoie et qui se réinvente ? Des braises se répandent, des pierres et des cendres, et le reflet doré d’un sourire sans joie.
Une sphère étonnante, déposée sur le sol quand le ciel est tourmente et la poussière vole. Elle est là sans y être... Elle se met soudain à rouler sans raison plus loin que l’horizon, finit par disparaître.
L’as-tu imaginée, simplement ébauchée sur les pierres d’un mur ? Etait-ce l’illusion d’un passé qui murmure ou un rêve insensé et son dernier frisson ?
Une sphère hors du temps que tu n’as pu saisir dont il reste pourtant l’ombre d’un souvenir.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(10) HAÏKU 116
Quitte les sous-bois les arbres bleu outremer Le vent te libère
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(11) HAÏKU 117
Le chant du ressac t’accompagne dans la nuit Sans monotonie
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(12) UNE PART DE RÊVE
Quelle est la part de rêve que tu t’octroies lorsque la nuit s’achève et le jour n’est encore qu’un pan de ciel plus clair, l’ébauche d’une aurore ?
Quelle est la part de rêve que tu espères, imaginant un être revêtu de lumière qui s’approche à pas lents, le regard transparent.
Quelle est la part de rêve qui s’évapore ? Tu chevauches Pégase ou la licorne d’or... Et tes songes secrets deviennent le reflet de la réalité.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(13) HAÏKU 118
Simple déchirure Intérieure ou extérieure ? d’un cœur en pâture
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(14) QUATRE MURS DE CIEL SANS LIMITES
Un pan de ciel derrière les grilles d’une prison. Espoir ténu derrière les mots d’une chanson.
De quel côté se situe l’homme, celui qui rêve de liberté ?
Quatre murs de ciel sans limites et le métal qui s’entrecroise sur les nuages.
Quatre murs de pierre insolites, et le parfum imaginaire d’autres rivages.
Quelle est la voie qu’il voudrait suivre s’il le pouvait et s’il avait vraiment le choix ?
Barreaux transformés en sculpture que le temps cisèle ou dément.
Grillage rouillé par le vent des siècles durant... que la vie épure.
Quel est le secret qu’il murmure ?
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(15) FÉE MINNIE THÉ
Fée Minnie Thé, qui es-tu ? Tu es la femme qui n’as plus besoin de paraître étrangère quand tu perçois des mots amers.
Fée Minnie Thé, que vois-tu ? Le gris d’un ciel qui t’a émue, le reflet d’un monde à l’envers, l’enfant qui ferme ses paupières.
Fée Minnie Thé, que veux-tu ? Les baguettes sont superflues. Tu te redresses, tu espères offrir des bouquets de lumière.
Fée Minnie Thé, où vas-tu ? Tu suis un sentier méconnu quand un rayon de lune éclaire tes fossettes et tes yeux pers.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(16) HAÏKU 119
Couleurs d’un été qui se posent sur les poutres à la dérobée
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(16) IVRESSE SYMPHONIQUE
Où étais-tu lové quand le feu tournoyait ? Tu n’osais pas sortir de cet abri de jais. Tu écoutais les bruits mais ne pouvais comprendre tout ce qu’ils signifiaient. Des notes de musique s’accrochaient aux portées, et toi seul aurais pu en détacher les clefs.
Tu vibrais, inconscient, bercé par la fusion des notes et des mots. Celle qui te portait dans son propre horizon chantait comme le vent... Sonate ou concerto. Un monde de musique où tu nageais sans fin. Ivresse symphonique où tu te sentais bien.
Il te faudra sortir de cet espace clos et découvrir la vie. Ce sera pour bientôt. Bientôt...
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(18) TU AS MARCHÉ JUSQU’AU SOIR...
Tu as marché jusqu’au soir et le lac est apparu. Il recélait un mystère auquel tu ne croyais plus.
Tu as fixé la surface, plein d’espoir, mais incrédule. Tu as cru voir une image, voilée par le crépuscule.
Qui est celui que tu cherches entre les gris et les blancs, celui que tu imagines et qui est inexistant ?
Les sommets et les vallées se sont fondus dans la nuit. Tu n’as gardé que l’écho d’un visage blanc et gris.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(19) HAÏKU 120
Kaléidoscope avant l’éparpillement des graines au vent
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(20) L’AUTOMNE N’EST PAS LOIN
Les nuages s’effeuillent l’automne n’est pas loin. Il attend sur le seuil à l’orée du matin.
Le ciel en trompe-l’œil lui insuffle un parfum que l’automne recueille en attendant demain.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(21) HAÏKU 121 Posé sur les feuilles l’été indien s’alanguit Septembre s’enfuit
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(22) HAÏKU 122
Qui monte à pas lents cet escalier de fortune ? L’écho d’un enfant
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(23) SOUVENIRS PARTAGÉS
La mer entre par la fenêtre et il la regarde glisser sur les souvenirs d’une enfance qui commençaient à s’estomper. Les vagues soudain les raniment. Il se revoit dans un ravin, respirant les senteurs humides, caracolant sur un chemin.
La mer entre par la fenêtre distillant des bruns et des verts. Il revit son passé lointain sur un bateau imaginaire. Quelle est la part de vérité et les souvenirs qu’on sublime ? Peu à peu, la mer se retire... Il retrouve enfin ses racines.
Ann Rocard (Texte écrit en lien avec une œuvre de mon frère Patrick Rocard, puis tableau-photo à partir de ce même texte)

Photo de l'auteure
(24) PRENDRE LE TEMPS...
Ecoute le temps qui s’écoule chaque jour, de plus en plus vite. Tu ne pourras pas retenir les grains de sable sur orbite.
On te dit qu’il faut élaguer certaines branches de ta vie. Tu te sentirais amputée, privée d’hier et d’aujourd’hui.
Ecoute le temps qui respire à la lisière d’un grand bois. Tu ne sais pas faire une pause, tu cours toujours comme autrefois.
On te répète : « Fais des choix ! As-tu quelque chose prouver ? » Tu l’ignores, mais tu continues à poursuivre mille projets.
Ecoute le temps qui s’éloigne dans cet immense sablier. Il te faudra prendre le temps, suspendre ce temps qui s’enfuit avant la tombée de la nuit, prendre enfin le temps d’exister.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(25) HAÏKU 123
Entre ombre et lumière j’ai ressenti sa présence Etat visionnaire
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(26) DERNIÈRES ROSES TRÉMIÈRES
C’est aujourd’hui, c’était hier... Et les dernières roses trémières, sur quelques tiges solitaires enlaçaient la fin de l’été.
C’est aujourd’hui, c’était hier... Elles se disaient en colère d’avoir attendu si longtemps avant de fleurir et d’aimer. Leurs couleurs déjà pâlissaient. Leurs sœurs n’étaient plus que des graines qui renaîtraient l’année prochaine ou disparaîtraient à jamais.
C’était hier, c’est aujourd’hui... L’automne est là, l’été s’ennuie. Et les dernières roses trémières s’en sont allées.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(27) HAÏKU 124
Quelle est ta blessure ? Tes mots parfois se fissurent noyés d’amertume
Ann Rocard


Tableau de l'auteure
(28) PAYSAGE INVERSÉ
Il n’y avait aucun miroir, mais ce paysage inversé, venu du fond de ta mémoire, te fit revivre le passé.
L’arbre se dressait de guingois. Tu caressais ce tronc rugueux, le lichen glissait sous tes doigts et s’accrochait à tes cheveux.
C’était au cœur de la forêt, sur un sentier, avec ton père. Il s’éloignait, tu le suivais, malgré la neige de l’hiver.
Pourtant, il ne reste aujourd’hui qu’une image très colorée, du jaune, du noir et du gris. Tu as voulu tout oublier.
Nier ce qui est advenu, remplacer les cris par des rires, enfouir ce qui n’existe plus à l’abri d’autres souvenirs.
Il n’y a pas un seul miroir, mais ce paysage inversé, venu du fond de ta mémoire, te fait revivre le passé que tu as si longtemps nié.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(29) HAÏKU 125
La mer est amère D’un passage qui s’entrouvre jaillit la lumière
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(30) HAÏKU 126
Une pluie d’étoiles s’éparpille sur la toile d’une Aranéide
Ann Rocard
OCTOBRE

Tableau de l'auteure
(1) ABSENCE
Tu te faufiles entre les troncs à la recherche de l’absence. Que signifie ce mot qui danse dans les sous-bois ? Mot égaré, mot endeuillé par la souffrance qui évoque un départ soudain, un envol au fil des années.
Tu te faufiles entre les troncs et ne perçois qu’indifférence. Cependant par intermittence, tu aperçois certains visages dans le bleu et le gris des arbres. Tu t’étonnes de leur présence... Le temps se suspend, en apnée.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(2) HAÏKU 127
A peine visible une voile à l’horizon Est-ce une illusion ?
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(3) HAÏKU 128
Dernière étincelle qui enflamme un soir d’octobre le cri des sarcelles
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(4) FUITE chanson
Pourquoi veux-tu toujours descendre vers l’abîme ? Quelle est l’ombre incertaine qui t’attire sans cesse ? Lorsque que le clapotis de l’eau n’est plus que rimes, tu entends au lointain les mots d’une caresse.
Qui prononçait ces mots dans une autre région ? Une mère, une sœur dont la voix mélodie te berçait de mirages, et de tant d’illusions. Tu as cru aux miracles... Un soir, tu es parti.
Tu as dû traverser l’océan qui délivre. Tes amis ont péri et toi seul as rejoint une côte inconnue où tu pensais revivre. Mais il n’y a personne pour te tendre la main.
Tu fixes la surface de l’eau dans ce vieux port. Tu regrettes déjà d’être le survivant d’un voyage épouvante quand les autres sont morts. Tu n’as plus que ces mots enchanteurs, en chantant.
Tu es venu d’ailleurs Ton passé s’évapore. Que signifie la peur pour toi qui l’as vécue ? Tu n’as plus à présent que le gris de ce port et des bribes de voix que tu n’entendras plus.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(5) HAÏKU 129
Les vagues de feu veinent la carte du Tendre de neige et de cendres
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(6) PASSAGES
J’aime les passages qui mènent vers l’inconnu de jours gris ou bleus qu’on croyait avoir perdus.
Passages étroits au pied d’un vieux mur de pierres, entre les rochers ou dans un tronc centenaire.
Souvent j’imagine m’y faufiler en silence, découvrir un monde de lumière et renaissance.
Est-ce une autre vie, celle qui n’est pas la mienne ou bien l’utopie d’un au-delà qui m’entraîne ?
J’aime ces passages, à l’écoute de surprises. J’attends, en suspens... L’éternité s’improvise.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(7) HAÏKU 130
Suis-je être ou paraître ? Ne me faites pas confiance Mieux vaut me connaître
Ann Rocard


Tableau de l'auteure
(8) ARIA
Une aria qui s’envole sans limite de temps ni lisière d’espace. Une aria et je sens l’univers qui m’enlace.
J’effleure l’infini, portée par la musique, et je reste en apnée quand le violon s’épuise et que la voix d’un ange me grise, enfin comprise.
Une aria qui s’envole sans limite de temps ni lisière d’espace.
Je n’ai plus de repères, envoûtée par le rythme, et je ferme les yeux sans chercher de présence. La voix me met en transe, je danse et je m’élance.
Une aria qui s’envole sans limite de temps ni lisière d’espace. Une aria et je sens l’univers qui m’enlace.
Ann Rocard

Photo de l'auteure (provisoire)
(9) Haïku 131
Un éclat de ciel où rechercher l’absolu Songe immatériel
Ann Rocard
Le Festival de musique de la baie du Mont-Saint-Michel est un temps de pause propice à la poésie et la contemplation.

Photo de l'auteure
(10) HAÏKU 132
J’ai ouvert les yeux et le Mont m’est apparu entre nuit et bleu
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(11) CONTEMPLATION
J’ai cueilli un brin de soleil, l’inquiétude s’est estompée. Au loin s’élevait la Merveille, je me suis sentie apaisée.
Une seconde ou bien une heure, sans la moindre interrogation, oubliant les cris et les pleurs. Une simple contemplation. Le Mont bercé de prés salés et la brume dans mes cheveux. Le Mont voilé au fond des yeux.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(12) VIVRE L’INTEMPORALITÉ
Savoir cerner le superflu, élaguer enfin l’inutile, les peurs et les pensées futiles, vivre un instant ce qui n’est plus, tel un tremplin vers l’invisible. Savoir chercher la vérité entre les mots superficiels. Pouvoir discerner l’éternel quand le souffle s’est arrêté, et s’immerger dans l’indicible. Apprendre, mais aussi désapprendre l’envie de chercher à savoir. Juste suspendre l’aléatoire. Vivre l’intemporalité.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(13) HAÏKU 133
Des fleurs sur la vase tels des oiseaux migrateurs que l’automne embrase
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(14) HAÏKU 134
Il a traversé la baie sans se retourner Mais survivra-t-il ?
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(15) HAÏKU 135
Derrière la grille la liberté s’éparpille Comment la cueillir ?
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(16) PRÊTE-MOI TON CORPS
J’ai le diable au corps, encore et encore. Si tu es d’accord, prête-moi ton corps, prête-moi ton cœur toi qui peux marcher, courir et danser, toi qui n’as pas peur de toujours tomber.
Qu’importe la flamme ! Même corps et âme. Si tu es d’accord, prête-moi ton corps, prête-moi tes yeux toi qui t’émerveilles, devant une abeille posée sur le bleu d’un éclat de ciel.
A cor et à cri. Un corps sans un cri. Si tu es d’accord, prête-moi ton corps, prête-moi tes mots, toi qui sais chanter, crier, murmurer, imiter l’oiseau qui s’est envolé.
Prête-moi ton corps juste une semaine pour que je renaisse, pour que je comprenne la vie indolore. Je serai alors un autre moi-même.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(17) HAÏKU 136
Appel d’un voyage qui l’attire un soir d’automne vers d’autres rivages
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(18) CLICHÉ ?
Non, ce n’est pas un cliché ni le titre d’une chanson. La vie ne sera jamais un fleuve, un long fleuve tranquille, la rivière qui s’étire en riant à l’horizon. C’est un voyage au long cours, entre monts et précipices, étendues plus apaisées, ou bois parfumés d’épices.
La vie est comme un torrent qui bondit de pierre en pierre, malmenée les soirs de vent, du printemps jusqu’à l’hiver. Pour retourner à la source, remontons le fil du temps, à l’écoute coûte que coûte de l’eau et de ses mystères.
Tant de jours à la déroute, de nuits de feu et de fer. La vie ne sera jamais un fleuve, un long fleuve tranquille, un bouquet d’îles toutes neuves au milieu de l’océan.
Quelquefois elle se pose sur les berges d’un étang, le temps d’une pause sans l’ombre d’un ouragan. Parfois elle reste en suspens...
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(19) HAÏKU 137
Ton chant me rassure quand les vagues m’interpellent Sans une imposture
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(20) TÉMOIGNAGE
Le timbre d’une contrebasse résonne entre les troncs noircis sans préavis.
Il reste encore quelques traces qu’un musicien a déposées dans la vallée.
Le temps peu à peu les efface ne laissant que le fil des jours aux alentours.
Le timbre de la contrebasse n’était peut-être qu’un message, le témoignage d’un autre âge.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(21) DÉSENCHANTEMENT quadruple haïku
Désenchantement quand on réalise un soir qu’il est bien trop tard
Désenchantement quand l’espoir à l’horizon n’est qu’une illusion
Désenchantement quand la vie se désagrège en quelques arpèges
Réenchantement à la lisière d’un rêve Un souffle s’élève
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(22) LAC OUBLIÉ
Entre là entre les entrelacs d’une image controversée dans l’antre d’un lac oublié.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(23) HAÏKU 138
La grille est fermée Les pas se sont éloignés et tu restes seul
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(24) HAÏKU 139
Où sont tes racines que tu fuis sans le savoir quand le jour décline ?
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(25) J'AI SUIVI LA RIVIÈRE...
J’ai suivi la rivière entre les arbres fous, fous de joie, fous d’espoir ou de chagrin amer.
Je ne l’ai pas longée, je l’ai juste suivie, ne sachant si un jour elle disparaîtrait au pied d’un arbre creux ou derrière un rocher. Là où elle était née, il y a si longtemps. Où elle avait souri à la source de vie qui est commencement, s’éloignant peu à peu vers une fin lointaine, un immense océan de courants et d'écume.
J’ai suivi la rivière... Je ne suis que le vent.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(26) FLEUR DE MÉTAL
Il ne restait qu’un mur dressé dans les sous-bois. Un mur sans raison d’être, symbole d’une époque à présent révolue. Un vieux mur isolé qui avait survécu.
Le ciment s’effritait, grignoté par le lierre ; les pierres regagnaient lentement la lumière. Seul un ventilateur s’imaginait utile quand le souffle des bois glissait entre les pals, les six pals immobiles.
Il ne restait qu’un mur et la fleur de métal figée sans émotion, la fleur aux six pétales ignorant les années que le temps égrenait et l’humeur des saisons.
Une fleur éternelle qui un soir de grisaille rejoindrait l’horizon fuirait à tire-d’aile.
Il ne resterait qu’elle sur un morceau de ciel.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(27) RIRE DE NEIGE chanson
Le soleil a posé des flammes sur les feuilles. La neige de la nuit s’est soudain mise à rire. Un rire de clochette pour effacer le deuil d’un automne précoce qui commence à s’enfuir.
Avez-vous entendu le rire de la neige bondissant sur les branches et le sol qui craquelle ? Il éclate, léger, égrène des arpèges et se glisse, invisible, sur un air de sittelle.
Quand la neige et les flammes découvrent au matin les sous-bois jaune et blanc, tout paraît silencieux. Mais le rire s’élève, tourbillonne sans fin avant de disparaître, se fondre dans le bleu.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(28) ENCHEVÊTREMENT
Comment s’y retrouver ? Tout est entremêlé... Un enchevêtrement de fils et de pensées qui soudain s’interposent entre l’imaginaire et la réalité. Les idées s’entremêlent et l’ensemble est confus. L’espace est envahi par la velléité.
Comment s’y retrouver ? Le présent, le passé glissent vers le futur... Tout paraît embrouillé, le temps s’immobilise, cerné par le chaos, en un lieu limité. Pour recouvrer le calme et respirer enfin, il suffit d’une pause ou d’une éternité.
Etirer les couleurs et retrouver le gris d’un monde sans écueils, d’un fleuve sans soucis. Eloigner les pensées pour mieux cerner le fil, le fil à l’origine d’un embrouillamini. Puis regarder sans peur la vie écartelée et modifier l’espace pour ne plus s’y noyer.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(29) AU CŒUR D’UN VITRAIL
L’ombre tressaille au cœur d’un vitrail quand le soleil soudain la réveille. L’ombre s’embrouille, gémit, s’agenouille. Elle vacille, s’enfuit, s’éparpille. L’ombre s’effeuille, le feu la recueille sans la grisaille au cœur d’un vitrail.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(30) HAÏKU 140
Depuis ta naissance tu t’élèves peu à peu vers la connaissance
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(30) FACTICE
Tout avait changé, tu ne reconnaissais plus rien. Dans le bleu des arbres, un merle sifflait son refrain. Le jaune et le rouge éclataient jusqu’à la lisière des bois désertés en bouquets de fleurs passagères.
Tout semblait factice. Le passé s’était transformé en couleurs primaires qui n’avaient jamais existé. Seuls restaient encore quelques mares et leurs reflets où tu retrouvais celui que tu avais été.
Ann Rocard
NOVEMBRE

Photo de l'auteure
(1) HAÏKU 141
Le brouillard diffuse le parfum gris de novembre non loin de la cluse
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(2) QUELQUEFOIS
Quelquefois le chagrin t’étouffe, la vie s’effrite, la vie s’alarme. L’espoir s’envole et tu te noies, submergé par tes propres larmes.
Tout n’est que rouge, gris et noir. Le silence devient vacarme. Tu ne sais plus ce qu’il faut croire.
Quand le chagrin s’éloigne enfin, les trois couleurs virent au parme. Tu te redresses et redeviens cet arbre droit dont la confiance te désarme.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(3) HAÏKU 142
Fixe la surface qu’un soleil anamorphose Le calme s’impose
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(4) PUPILLE EN ÉVEIL
La pupille en éveil, il pose sur le monde un regard fait de peur et d’espoir insensé.
Les hommes ont-ils enfin conscience que la Terre court déjà à sa perte, qu’il est temps de changer...
Changer au quotidien notre façon de vivre, d’agir avec respect, nos modes de pensée.
La pupille en éveil, il fixe l’avenir qui semble s’éclaircir. Rêve ou réalité ?
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(5) ARÔMES
Respire l’arôme des sous-bois, les feuilles rouges aux reflets d’or, la mousse humide sous les doigts et les effluves de bois mort.
Enivre-toi de ces parfums qui ne seront que passagers. L’automne depuis ce matin s’éloigne sans se retourner.
Respire l’arôme des sous-bois et laisse-toi ensorceler.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(6) PRÉSAGE
Quelques feuilles tombées sur un reflet de ciel. L’ombre des papyrus qui laisse présager un hiver infidèle et la fin d’une année.
Que sera la suivante ? Sera-t-elle différente ? Nous fera-t-elle rêver ?
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(7) HAÏKU 143
Va dans la forêt rechercher ce qui n’est plus Le passé s’est tu
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(8) PARTAGE
Arbre rouge dans un monde bleu, différent et pourtant semblable. Incompris et parfois heureux d’exprimer le cœur d’une fable.
Arbre rouge venu d’un autre âge, d’un pays où tout était feu. II voudrait transmettre un message, fait d’un mot ou peut-être deux.
Car ses feuilles voleront bientôt, éclats rouges entre les nuages. Deux syllabes s’en feront l’écho : un mot simple... Tout n’est que partage.
Ann Rocard

Dessin informatique de l'auteure
(9) AU SUJET DE L'AUTEUR DE "MÉFIEZ-VOUS DE LA PANTHÈRE !" (pièce policière déjantée)
L’auteur n’est pas à la hauteur et l’écrivain écrit en vain. Si la panthère se désespère, c’est que l’auteur autoritaire l’élimine sans commentaire. L’écrivain n’a rien de divin. Et c’est certain : Qui trop enterre est terre à terre.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(10) HAÏKU 144
Vies à la dérive avant l’anémochorie vers une autre rive
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(11) HAÏKU 145
Automne en sursis quand tout redevient poussière Couleurs solitaires
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(12) VIE PARSEMÉE D’ÉPINES
La vie est parsemée d’épines. Tu les évites vaille que vaille... Mais un soir, quand s’ouvre une faille, tu ne peux plus les contourner. Tu vas devoir les affronter, même celles dont tu devines l’ombre portée.
Tu te rebelles et tu défailles... Pourtant tu ne recules pas et tu chemines pour exister.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(13) À CŒUR PERDU
Bientôt les arbres n’auront plus que leurs branchages pour pleurer. Cette image aura survécu le temps d’un songe ou d’un mensonge avant d’être vite oubliée.
Vous qu’on aime et qu’on aperçoit dans un reflet à cœur perdu, vous qui êtes partis trop tôt, inaccessibles et invisibles, nous vous avons tant attendus.
Quand nous ressentons vos présences, l’émotion soudain nous étreint. Nous écoutons votre silence, mots de velours au fil des jours, votre rire sans lendemain.
Prenez nos mains, séchez nos larmes et suivons le même chemin.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(14) FIXE LE CIEL
Fixe le ciel sans réfléchir, laisse-toi porter par la brise. Le soleil commence à pâlir... Tu peux de nouveau lâcher prise.
Tu t’émerveilles, tu t’étonnes... Les feuilles rouges et orangées te bercent d’un parfum d’automne. Tu te sens soudain apaisé.
Fixe les couleurs et respire le message qui s’en évade, vision de paix en devenir douceur étrange d’une ballade.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(15) HAÏKU 146
Au bout du tunnel tu découvriras la paix Rien n’est irréel
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(16) HAÏKU 147
Des notes si pâles qui serpentent dans le noir Une nuit d’ivoire
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(17) DESCENDRE UN ESCALIER QUI A LES PIEDS DANS L’EAU
Enlever ses souliers, un jour gris comme un autre. Descendre un escalier qui a les pieds dans l’eau. Puis regarder le fond pour mieux s’en imprégner. Avancer à pas lents dans l’eau déjà glacée par le souffle du vent et la fin d’une année. Observer les ridules vibrant à la surface d’un lac en majuscule à l’abri des montagnes. Et recueillir l’image d’un nuage égaré entre deux feuilles mortes pour l’aider à rejoindre un ciel inespéré.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(18) MIROITEMENT
Un éclat de lumière entre les feuilles mauves, et tu oublies soudain la grisaille alentour.
Un éclat qui s’étend sur le lac, puis se sauve. Et tu le suis des yeux, sans fin, tu le savoures.
Tel un signe de paix à l’abri d’une alcôve, il adoucit l’espace jusqu’à la fin du jour.
Ann Rocard

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(19) HAÏKU 148
Progresse à pas lents sur les feuilles libérées Et va de l’avant
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(20) HAÏKU 149
Un seul mouvement Le ciel se mêle à la terre Où sont les frontières ?
Ann Rocard

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(21) EN DÉTRESSE
Le monde est en colère et la tempête est proche. Quand l’océan proteste, l’espoir se met en berne, les nuages rugissent, les plages disparaissent.
Le monde est en colère. La Terre en perdition se révolte en silence et ses larmes de feu détruisent les forêts. Il est temps qu’enfin cesse l’ère dévastatrice, cette ère anthropocène que l’homme a laissée naître en apprenti sorcier et qui s’est emballée dans la folie ambiante.
Le monde est en colère et les vagues gémissent sous l’assaut des tornades consumant la lumière. Dans la nuit d’un hiver qui ne finira plus, un hiver éternel si nous n’agissons pas, si nous baissons les bras. La Terre est en détresse.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(22) HAÏKU 150
Est-ce le message à la tombée de la nuit d’un amour en cage ?
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(23) L’ENVIE D’ÉCRIRE UNE CHANSON chanson
Le vent souffle des mots glacés et les jardins soudain frissonnent. La brume a déjà emporté l’or et le parfum de l’automne.
Refrain : Un peu de rouge au fond du cœur pour mieux lutter contre la bise. Un peu de couleur dans les yeux quand l’horizon soudain se grise. Un peu de chaleur dans la nuit pour voir la vie en rouge et vert, pour y détecter la lumière.
Les baies des cotonéasters colorent le vert des buissons, donnent dans le froid de l’hiver l’envie d’écrire une chanson !
Ann Rocard

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(24) SURIMPRESSION
Sur le sable humide et nacré, les nuages se sont posés, laissant tes questions en suspens... Où donc est l’inversion du temps ?
Le ciel s’est immobilisé, l’écume n’est plus que fumée, tu vis en respirant à peine... Quels sont les actes qui t’aliènent ?
Soudain tout paraît irréel, le moindre secret se révèle, et tu savoures, hypnotisé, cette vision instantanée.
Tu fais enfin partie d’un tout. La beauté est un garde-fou qui te préserve, un court instant, de la violence et du néant.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(25) HAÏKU 151
De longues nervures sur un bout de parchemin Que sera demain ?
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(26) AMITIÉ
Marcher à tes côtés, s’émerveiller ensemble et percevoir le bleu d’une fleur du désert, le sourire implicite d’un éclat de lumière et les ombres de nuit qui le soir se rassemblent.
Echanger quelques mots si le cœur nous en dit, partager le silence, un trille imperceptible, des rêves sans limites, des secrets indicibles... Et savourer la joie d’être enfin réunis.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(27) FLEURS ROUGES DE PONDICHÉRY Triple haïku
J’aime les fleurs rouges nées du bout de ton pinceau Etranges oiseaux
J’aime leur parfum fait de rêves et d’épices venu de si loin
J’aime leur présence Symbole d’une amitié qui ne peut faner
Ann Rocard

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(28) HAÏKU 152
Les moutons s’élancent à l’assaut d’un ciel lointain Envol incertain
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(29) FLEUVE NOIR
Le ciel gris s’illumine, mais qu’importe ? Un fleuve de boue noire te déporte. Fleuve de désespoir qui te poursuit sans cesse depuis que tu as fui ton pays en détresse.
Les mains se sont fermées et les regards gênés se détournent ou se ferment. Ne restent que la boue glacée sous la lumière, le dessein aigre-doux de quitter cet enfer.
Ann Rocard

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(30) HAÏKU 153
Parfois il s’égare et te fixe du regard S’agit-il d’un œuf ?
Ann Rocard
DÉCEMBRE

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(1) DÉCEMBRE DE RETOUR
Décembre est de retour en rouge et vert sur les buissons. A longs pas de velours, brise de mer, quelques flocons dans un monde à l’envers.
Tu égrènes les jours, l’ombre des mois et des saisons. Tu comptes à rebours sans désarroi, à l’horizon, les années de sursis et les chemins de vie sans demander pourquoi car tu n’as pas le choix.
Ann Rocard

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(2) HAÏKU 154
Un dernier feuillage avant sa disparition est pris en otage
Ann Rocard

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(3) PAS UN SOUFFLE
Pas un souffle ce matin. Juste un tintement lointain, teinté de bleu et de gris... L’écho du silence inquiet, murmure d’une élégie quand l’année touche à sa fin.
Pas un souffle entre les branches une noire et quelques blanches d’une pâle mélodie... Des notes imaginaires qui s’enfuient et se libèrent enfin.
Ann Rocard

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(4) GO EST LENT SANS SON EGO Jeu de go ou jeu de mots ?
Le goéland nommé Go voyage sur un cargo. Mais Go est lent, escargot sans coquille sur le dos. Le goéland, tout de go, lit Gogol et joue au go. Loin du Golan, Go... bingo ! s’envole vers le Congo.
Ann Rocard

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(5) CYNORRHODON DE NOTRE ENFANCE Notre chanson d’autrefois
1- Cynorrhodon de notre enfance qu’on attrapait dans les buissons. On croyait qu’il nous portait chance, il ressemblait à un bonbon. Petit fruit rouge qui éveille le souvenir d’un grand soleil.
Refrain : Notre grand-père, toujours rieur, les yeux plissés dans un sourire. Notre grand-père, main sur le cœur, qui nous a aidés à construire tout un pays imaginaire, pays de rêves, pays de rires.
2- Notre grand-père l’appelait le gratte-cul, et il riait en nous montrant qu’à l’intérieur se trouve du poil à gratter. Il suffisait de le glisser dans le cou de tous les rêveurs.
3- Cynorrhodon, rien que ce mot ravive le clin d’œil complice d’un grand-père, ami des oiseaux. Il était notre catharsis. Nous avons tant de souvenirs qui ne pourront jamais s’enfuir.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(6) HAÏKU 155
Bouquet anonyme esquissé un matin bleu pour te dire adieu
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(7) PAR UNE NUIT D'HIVER
Par une nuit d’hiver la grêle s’est posée sur la vitre d’un monde en quête perpétuelle.
Par une nuit d’hiver, tu as imaginé la carte vagabonde où le flou se révèle.
Et cette nuit d’hiver, tu as su transformer la surface d’une onde en espace virtuel.
Car cette nuit d’hiver, tu as réalisé qu’une image féconde est souvent essentielle.
Par une nuit d’hiver, tu as su t’envoler, à peine une seconde... La vie se renouvelle.
Ann Rocard

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(8) LA MER EST PARFOIS JAUNE...
La mer est parfois jaune et ressemble à la plage où le soleil s’égare croyant à un mirage.
Une mer isabelle que les oiseaux survolent, ocre ou souvent chamois si la brume s’étiole, safran, bulle ou moutarde... Ballade en si bémol
Tu nages sur le sable et tu marches sur l’eau. Tu franchis les limites sans en avoir conscience.
La mer est parfois jaune, emportant les bateaux. Tu les suis, cette fugue devient une évidence.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(9) EMOTIONS
Envolée d’émotions que tu ne sais plus contrôler. Un soupçon de passion et d’inquiétudes au passé. Mouvement incessant qui te fait perdre tes repères. Espérance ou tourment, et ressentis complémentaires.
Ferme un instant les yeux, laisse l’orage s’éloigner. Un instant silencieux qui paraît une éternité. Cueille tes émotions, l’une après l’autre, sans t’égarer. Pas une hésitation, tu vas apprendre à élaguer.
Ann Rocard

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(10) QUELQUES MARCHES
Il suffirait de quelques marches pour atteindre une porte ouverte, découvrir celui que tu cherches dans une retraite discrète.
Il suffirait de quelques marches... Tu as grimpé tant d’escaliers mais n’as jamais trouvé l’endroit où tout pourrait recommencer.
C’était ici, c’était ailleurs... Un soir s’achèvera ta quête. Laisse les marches s’estomper, l’espoir t’a fait perdre la tête.
Oublie les rêves utopiques, l’attrait curieux des escaliers, les fantasmes sans raison d’être. Les portes resteront fermées.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(11) DANS LE BLEU DE L'HIVER
Rescapées du dernier automne, deux ou trois feuilles s’abandonnent. Un éclat de chimères dans le bleu de l’hiver...
Des feuilles sur lesquelles s’écrit l’aube du temps ; cette époque lointaine qui ne sait plus comment le monde a évolué pour être maintenant aussi violent qu’avant.
Rescapées du dernier automne, les feuilles rient et s’illusionnent. Un soupçon de mystère dans le bleu de l’hiver...
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(12) HAÏKU 156
Le ciel se constelle en un songe spirituel de pensées profondes
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(13) HAÏKU 157
Marche droit devant et qu’importe la distance En toute insouciance
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(14) CIPRIÈRE
Les cipres se dressent, solitaires. Pourtant semblables dans le bayou. Les pieds dans l’eau dont les remous font danser dans la ciprière leurs doubles aux cheveux fous.
Et cette danse qui s’échevelle depuis des siècles se renouvelle et murmure entre chien et loup : De nous, vous souvenez-vous ?
Ann Rocard

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(15) L’EXTRAORDINAIRE DANS L’ORDINAIRE
L’extraordinaire dans l’ordinaire au quotidien. Un mot, un regard sans crier gare, soir ou matin. L’appel du voyage dans les nuages, mine de rien. Un air de musique mélancolique, simple refrain. Sourire en suspens, rire d’enfant, signe de main. L’extraordinaire dans l’ordinaire... Souffle sans fin.
Ann Rocard

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(16) HAÏKU 158
Largue les amarres et vis en apesanteur nappé de brouillard
Ann Rocard

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(17) LA PÂLEUR DU SILENCE
La neige a déposé la pâleur du silence et ta vie devient danse. Une danse immobile où tout est intérieur, où tout devient paisible sans soupir ni pensée. Tu palpes l’invisible d’un univers feutré.
Les flocons égarés tombent au ralenti. La neige a déposé un bien-être infini. Même le temps s’effile... La notion de seconde, de minute ou bien d’heure n’a plus de consistance. Fixité hors du monde. Le silence envahit les recoins de ton être et tu te sens renaître quand le jour se fait nuit.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(18) HAÏKU 159
Plus haut que les cimes l’immensité interroge la mise en abîme
Ann Rocard

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(19) HAÏKU 160
Tu es vraiment mort si je ne me souviens plus de ce que tu fus
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(20) HAÏKU 161
Les rues s’illuminent et soudain tu imagines que l’espoir renaît
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(21) HAÏKU 162
Entre chien et loup à l’orée de la forêt Vénus apparaît
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(22) RÉJOUIS-TOI !
La mousse sur les branches donne le la... Réjouis-toi ! Notes rouges ou blanches par-ci par-là... Réjouis-toi ! Les flocons se déhanchent au coin du bois... Réjouis-toi ! Les rires se déclenchent, alleluia... Réjouis-toi ! La joie prend sa revanche en mille éclats... Réjouis-toi !
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(23) HAÏKU 163
Bouquet de nuages qui s’effile loin des crêtes Voiles en partage
Ann Rocard

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(24) RÊVE DE NOËL
A travers une boule en verre, tu observes le monde bleu, rose et mauve dans la lumière et tu murmures quelques vœux.
Pour la paix et le renouveau, l’égalité et le partage, le sourire sur les visages, la musique dans chaque mot.
A travers une boule en verre, tu vis le rêve de Noël à l’aube d’une autre frontière et l’espoir d’une année nouvelle.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(25) HAÏKU 164
D’où vient la lumière quand ton cœur s’est enflammé ? D’un désir nacré ?
Ann Rocard

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(26) COMPLÉMENTARITÉ NOIR ET BLANC
Est-ce un chemin de liberté ou la progression personnelle qui ne s’arrêtera jamais ? Une ascension vers le savoir, la connaissance, la lumière, l’éclat fugace d'une ombelle, ou la complémentarité en blanc et noir ?
Pour changer d’état de conscience, monte et descends cet escalier. Plonge en toi-même pour mieux comprendre ce qui te fera progresser. Ces marches, d’autres les ont faites, les ont bâties ou bien creusées. Emprunte encore cet escalier.
N’oublie pas de le rendre ensuite pour mieux aider l’humanité.
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(27) HAÏKU 165
Les bulles s’élèvent Un souffle d’air les irise Tout se cristallise
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(28) SUR LES PAROIS Chanson
C’était il y a bien longtemps. Pourtant tu t’en souviens encore. Tu écoutais le chant du vent en provenance du grand Nord.
Dans les grottes de la vallée, tu dessinais du bout des doigts. Noir, ocre et blanc, beige ou doré... Tu peignais ainsi les parois.
C’était il y a bien longtemps. Et dans ces grottes quelquefois, je me réfugie, je t’attends... Il me semble entendre ta voix.
Je perçois des mots inconnus, j’imagine ta vie passée. Je sais ce que tu as vécu. Je suis ce que tu as été.
C’était il y a bien longtemps. C’est moi qui m’en souviens encore. Et j’écoute le chant du vent en provenance du grand Nord.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(29) HAÏKU 166
Un soleil hivernal après une nuit étale Nimbé de grisaille
Ann Rocard

Tableau de l'auteure
(30) HAÏKU 167
Ultimes reflets près d’une berge enneigée quand l’année s’achève
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(31) EN CETTE FIN DÉCEMBRE
En cette fin décembre, le ciel s’est embrasé ne laissant présager que des rumeurs obscures. Espoir de jours nouveaux fuyant l’intolérance ou crainte d’une époque submergée de violence ?
En cette fin d’année, les nuages en feu pointent le désarroi de ceux qui n’ont plus rien, qu’une simple illusion : marcher, aller plus loin pour découvrir enfin un asile utopique, un lieu inespéré où ils sauront renaître sans être rejetés.
En cette fin décembre, les uns rient, d’autres pleurent... Certains n’ont que l’absence, la souffrance ou la peur. Comment peut-on rêver de conquérir l’espace et laisser des enfants mourir le ventre vide ? Comment l’humanité peut-elle être inhumaine ? Il y a tant d’années que ces questions me hantent. Saura-t-on y répondre avant l’éternité, saura-t-on partager un avenir serein, une terre commune... vivre l’égalité ?
Ann Rocard
Ce soir s'achève ce challenge 2021. Je vais relire ces POÈMES DE L'AUBE à tête reposée, avec le recul nécessaire. J'espère transformer ce challenge en exposition de textes et d'images. N'hésitez pas m'envoyer vos réactions (nouvelle adresse : annrocard14@gmail.com).
Demain commencera un nouveau challenge dont je n'ai pas encore choisi le thème...
Belle année à tous !
Vous pouvez visiter la galerie de l'auteure :
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Si certaines œuvres vous intéressent, vous contactez l'auteure par courriel : annrocard@wanadoo.fr
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LES POÈMES DE L'AUBE, de MAI à AOÛT 2021.
Date de création : 01/09/2021 : 19:36
Dernière modification : 01/09/2023 : 07:09
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