CHALLENGE 2021 LES POÈMES DE L'AUBE Un poème chaque matin...
JANVIER
Début janvier 2021, une nouvelle année commence. Souhaitons-la plus belle que la précédente, libérée d'un virus sournois. Un poème chaque jour, parfois avec un peu d'avance ou de retard. Poèmes à cueillir du bout des lèvres, poèmes à partager.

Photo de l'auteure
(1) UNE PENSÉE...
Une pensée s’envole et je rêve d’un monde sans limites où les rires se mêlent au souffle de la lune, à l’aube de l’éveil.
Une pensée chemine et j’écoute les paroles perdues du vieillard endormi et les balbutiements de l’enfant étonné.
Une pensée renaît et j’espère que l’homme sans regrets saura ouvrir les yeux et redresser la barre de la vie malmenée.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(2) VIOLENCE
La violence a semé des graines de colère sur les sentiers rongés par les griffes du temps.
La violence rumine ses envies délétères et ne fait que détruire les couleurs du présent.
Sans songer à demain ni bâtir un ailleurs, elle étend son pouvoir et distille la peur.
La violence rugit et les mots de Gandhi gémissent sous les coups.
Un pâle espoir de paix renaîtra de ses cendres un jour, un jour lointain... Mais saurons-nous attendre ?
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(3) LUEUR
Une lueur dans la nuit Une lumière qui vacille, danse incertaine, danse improbable, clarté de lait venue d’ailleurs, clarté d’espoir dans la nuit noire.
Espoir si pâle, pourtant présent bien à l’abri au creux des paumes pour échapper à la colère, à l’injustice, à la révolte qui souffle et s’essouffle en tempêtes, pour ne pas s’éteindre sous l’averse de larmes ininterrompues.
Une lueur entre les mains et l’espoir d’une renaissance quand notre cœur est dévasté, que la vie a perdu son sens.
Une lueur, tel un murmure, presque invisible, inexistante. L’espoir grandit, l’espoir revit... Et cette flamme s’en empare. L’obscurité devient moins sombre, un chant d’oiseau s’en fait l’écho.
Plus loin, plus tard, des retrouvailles et des chemins qui se recroisent à l’infini.
Ann Rocard

Extrait d'une céramique de l'auteure
(4) ÉTINCELLE D'UN INSTANT...
Je l’ai perçue dans ton regard, cette étincelle à peine éclose. Nous n’avions pas les mêmes mots, les mêmes gestes de silence... Et tout semblait nous séparer accentuant nos différences.
Pourtant sur les chemins de vie, nos deux destins se sont croisés, une seconde au clair de nuit, un court instant d’éternité.
Tu es mon frère, tu es ma sœur d’un monde qui m’est inconnu et nous ne nous reverrons plus. Mais nous avons su partager de cœur à cœur, et hors du temps cette étincelle du levant, une pensée d’égalité.
Ann Rocard

Céramique de l'auteure
(5) OISEAU DE PASSAGE
Je suis un oiseau de passage à l’ombre d’un jardin secret, brodé de vent, de fleurs sauvages... Je suis l’oiseau d’un songe étrange.
Je siffle un refrain oublié ou l’utopie du devenir dans ce jardin, havre de paix... Pinson, sittelle ou bien mésange.
Je rêve d’un monde nouveau, d’un jardin bleu sans violence, fleuri d’espoir, bercé de mots... Ecoutez le souffle de l’ange !
Je suis l’oiseau du lendemain, posé sur la branche du cœur, l’oiseau qui choisit son destin... Il est temps que le monde change.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(6) DES MOTS...
Des mots venus du cœur, mots doux ou mots d’esprit, sur la pointe des lettres, juste un souffle sans bruit... Des mots tout en couleur qui ne font que passer sans oser résonner, des mots de l’intérieur. Des mots qu’on garde en soi sur un long fil de soie, ou des mots qui s’impriment sur des feuilles immenses. Mots de vie, mots d’espoir, mots vibrant de silence.
Puis un matin sans doute, les voilà qui s’élancent. Posés au bord des lèvres, Ils trébuchent, ils hésitent. Sauront-ils s’envoler, se suivre ou s’égarer ? Guidés par la lumière, ils quittent le silence, troublés par un écho, par l’écho d’autres mots. Et ces mots qui s’envolent, ensemble, réunis, donnent un nouveau sens à ce qui les construit. Ainsi naît la parole, le lien qui nous unit.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(7) ÉCOUTE
Ecoute les bruits, le chant de la vie, Ecoute les rêves au fil de la nuit, rêves épurés ou chargés d’embruns, appels incompris, secrets incertains. Ecoute les mots parfois murmurés par ceux dont les choix ne sont que brouillard. Ecoute leurs corps, leurs moindres regards.
Ecoute le vent muet de naissance. Ecoute les voix noyées d’espérance. Ecoute ton âme venue de si loin, elle a tant à dire, ses mots sont les tiens. Ecoute l’éther de la connaissance. Ecoute sans fin le cœur du silence.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(8) VAGUE
La vague divague entre écume et soupirs. La vague élague les larmes d’un sourire. La bague en vogue à l’orée du désir. La bogue en vague en quête d’avenir.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(9) LA MER A DES REFLETS DE GIVRE
L’aube s’étend de rose en gris, la mer a des reflets de givre. Et sur le sable qui crépite, un cri d’oiseau soudain s’enivre.
Des pas s’éloignent sans retour, l’horizon n’est qu’un souvenir. Des pas en quête d’infini... Le grand oiseau se met à rire.
Qui marche ainsi quand point le jour ? Qui croit encore à l’utopie ? Qui sont ces êtres invisibles dont les pas sont signes de vie ?
L’aube s’étend de mauve en bleu, le ciel a des reflets de mer. Les pas s’éloignent, l’oiseau les suit sur le givre blanc du désert.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(10) IVRE DE GIVRE
Le givre m’enivre
Je ressens un bonheur intense... Etoile blanche au bord des feuilles aspirée par la Voie lactée, perles de glace qui m’accueillent.
Le givre m’enivre
Les pensées n’ont plus d’importance... Sous la dentelle des fougères, je fais soudain partie d’un tout en expansion et sans repères.
Le givre m’enivre
Le froid m’entraîne dans sa danse... Je glisse entre les fleurs de glace, voyage au cœur de l’univers entre les herbes qui m’enlacent.
Le givre m’enivre et me délivre
Ann Rocard

Photo de l'auteure (Ouistreham au fond à droite difficile à distinguer sur un petit format... Ouistreham où de nombreux migrants sont en attente d'un jour nouveau)
(11) ERRANCE
Tes yeux se sont fermés sous un éclair de lune. Tes mots se sont fanés, un rien les importune. La vie n’a plus de sens, la vie n’est qu’une errance quand le jour se fait nuit. Et ta peine est immense.
Mais bientôt dans l’abîme, une voix qui t’appelle, une présence infime, la caresse d’une aile... Libéré des frontières, un souffle de lumière murmure à l’infini, glisse sur tes paupières.
Tu recouvres la vue, tu recouvres l’espoir d’être enfin reconnu... Et tu renais ce soir dans un éclat de rire bercé de souvenirs. La lune de minuit peut enfin refleurir.
Ann Rocard

(12) UN PETIT RIEN
Un petit rien, le mien, le tien... Un petit rien que rien n’effraie. Un vol de chouette blanc dans la nuit où seul renaît le temps perdu d’un oiseau pâle. Et son reflet dans le miroir peut s’envoler sans qu’une trace vienne prouver son existence.
J’aime le chant que son écho laisse pourtant à la surface de ce miroir peu déformé qu’est la vie reprenant son cours. La source ne tarit jamais et le torrent bondit nerveux entre les herbes d’un refrain. J’aime son chant qui s’amenuise et l’horizon que l’on atteint un soir sans brise.
Ann Rocard

Acrylique sur toile (thème lumière) Acryliques
(13) DANSE ÉPHÉMÈRE
Quelques points de lumière perdus parmi les ombres, une lueur d’espoir à l’aube d’un sourire, une main qui se tend, deux trois grains de poussière… et l’on donne en partage une danse éphémère.
Quelques points de lumière et l’univers explose en des gerbes de feu garance ou corallines, bouquets incandescents en mille éclats de verre... et l’on donne en partage un amour sans frontières.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(14) ANTHROPOCÈNE
Errant dans l’anthropocène, ils ne savent où aller, chassés les uns par le feu, les autres par les marées. Les mains tendues vers l’abîme, pieds de sang sur les graviers, la Terre est perdue pour eux, la Terre est perdue pour elle. L’homme assoiffé la détruit buvant les sources lointaines sans entendre la complainte des plantes et des baleines.
Mis en scène et misanthrope, comment fuir l’anthropocène quand la glace s’évapore et les typhons se déchaînent ? Nombreux sont ceux qui pourtant tentent de sauver la Terre, mais les fous ne voient qu’eux-mêmes, nombrils surdimensionnés... Les fous gavés de pouvoir n’écoutant que leur bien-être se moquent du désespoir, de tous ceux qui désespèrent. Les plaies de l’anthropocène ne seront pas éternelles, quand les pluies d’or et d’étoiles les panseront d’étincelles.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(15) LE VIEIL HOMME ET LE VENT
Le vent siffle à travers les murs la complainte d’un vieil ermite. Homme des steppes, homme sans âge qui caresse le fil du temps à la poursuite inespérée de l’improbable vérité.
Revêtu d’un manteau de neige, il avance à pas de velours vers l’Orient où doit renaître un soleil plus vrai que nature.
Le vent criaille et s’évertue à lui faire oublier son but. « La vérité n’existe pas ! hurle le vent sur la toundra. La vérité n’est qu’utopie, rejoins les tiens, ta vie paisible ! »
Mais le vieil homme sans fin sourit, le regard fixé sur un monde dont il ne perçoit que les sons depuis qu’il a perdu la vue. Monde aux couleurs de l’espérance, monde de paix, sans faux-semblants où la confiance est étincelles et la vérité évidente.
Ann Rocard

Acrylique sur toile de l'auteure Acryliques
(16) PRÉLUDE
Ferme les yeux, tout est prélude à la venue d’un jour de miel. Les doigts égrènent sur les portées des trilles aux reflets cuivrés, deux trois soupirs entre deux clefs. Bel interlude...
Ouvre les yeux, tout est prélude à l’explosion immatérielle de quelques notes en farandole, délaissant dièses et bémols. Et la musique enfin s’envole. Sans servitude.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(17) AU CŒUR D'UN ARBRE
Regard étrange au cœur d’un arbre à l’affût de siècles perdus. Regard au détour de l’écorce dont la paupière se soulève mais ne s’étonne plus de rien. Regard pétrifié dans le marbre.
Regard fixe d’un centenaire dans ce monde où tout évolue. Il est le feu, il est l’esprit de tous ceux qui l’ont précédé entre broussailles et futaies à l’orée d’un bois sans clairière.
Regard dont la pupille attire un enfant surpris par la pluie, un enfant qui croit aux esprits, peuple invisible des forêts. Mythe ou légende ? Quelle importance... Regard dont on ne saurait dire s’il est empreint de connaissance. Mais l’arbre peut grâce à l’enfant revivre encore quelques instants puis dans un souffle s’évanouir.
Ann Rocard

Photo de l'auteure
(18)
Date de création : 03/01/2021 : 21:27
Dernière modification : 16/01/2021 : 06:52
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