CHALLENGE 2021 LES POÈMES DE L'AUBE de JANVIER à AVRIL Un poème chaque matin...
Suite du challenge 2021 : de MAI à AOÛT
Suite du challenge 2021 : de SEPTEMBRE à DÉCEMBRE
JANVIER
Début janvier 2021, une nouvelle année commence. Souhaitons-la plus belle que la précédente, libérée d'un virus sournois. Un poème chaque jour, parfois avec un peu d'avance ou de retard. Poèmes à cueillir du bout des lèvres, poèmes à partager.
Photo de l'auteure
(1) UNE PENSÉE...
Une pensée s’envole et je rêve d’un monde sans limites où les rires se mêlent au souffle de la lune, à l’aube de l’éveil.
Une pensée chemine et j’écoute les paroles perdues du vieillard endormi et les balbutiements de l’enfant étonné.
Une pensée renaît et j’espère que l’homme sans regrets saura ouvrir les yeux et redresser la barre de la vie malmenée.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(2) VIOLENCE
La violence a semé des graines de colère sur les sentiers rongés par les griffes du temps.
La violence rumine ses envies délétères et ne fait que détruire les couleurs du présent.
Sans songer à demain ni bâtir un ailleurs, elle étend son pouvoir et distille la peur.
La violence rugit et les mots de Gandhi gémissent sous les coups.
Un pâle espoir de paix renaîtra de ses cendres un jour, un jour lointain... Mais saurons-nous attendre ?
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(3) LUEUR
Une lueur dans la nuit Une lumière qui vacille, danse incertaine, danse improbable, clarté de lait venue d’ailleurs, clarté d’espoir dans la nuit noire.
Espoir si pâle, pourtant présent bien à l’abri au creux des paumes pour échapper à la colère, à l’injustice, à la révolte qui souffle et s’essouffle en tempêtes, pour ne pas s’éteindre sous l’averse de larmes ininterrompues.
Une lueur entre les mains et l’espoir d’une renaissance quand notre cœur est dévasté, que la vie a perdu son sens.
Une lueur, tel un murmure, presque invisible, inexistante. L’espoir grandit, l’espoir revit... Et cette flamme s’en empare. L’obscurité devient moins sombre, un chant d’oiseau s’en fait l’écho.
Plus loin, plus tard, des retrouvailles et des chemins qui se recroisent à l’infini.
Ann Rocard
Détail d'une céramique de l'auteure
(4) ÉTINCELLE D'UN INSTANT...
Je l’ai perçue dans ton regard, cette étincelle à peine éclose. Nous n’avions pas les mêmes mots, les mêmes gestes de silence... Et tout semblait nous séparer accentuant nos différences.
Pourtant sur les chemins de vie, nos deux destins se sont croisés, une seconde au clair de nuit, un court instant d’éternité.
Tu es mon frère, tu es ma sœur d’un monde qui m’est inconnu et nous ne nous reverrons plus. Mais nous avons su partager de cœur à cœur, et hors du temps cette étincelle du levant, une pensée d’égalité.
Ann Rocard
Céramique de l'auteure
(5) OISEAU DE PASSAGE
Je suis un oiseau de passage à l’ombre d’un jardin secret, brodé de vent, de fleurs sauvages... Je suis l’oiseau d’un songe étrange.
Je siffle un refrain oublié ou l’utopie du devenir dans ce jardin, havre de paix... Pinson, sittelle ou bien mésange.
Je rêve d’un monde nouveau, d’un jardin bleu sans violence, fleuri d’espoir, bercé de mots... Ecoutez le souffle de l’ange !
Je suis l’oiseau du lendemain, posé sur la branche du cœur, l’oiseau qui choisit son destin... Il est temps que le monde change.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(6) DES MOTS...
Des mots venus du cœur, mots doux ou mots d’esprit, sur la pointe des lettres, juste un souffle sans bruit... Des mots tout en couleur qui ne font que passer sans oser résonner, des mots de l’intérieur. Des mots qu’on garde en soi sur un long fil de soie, ou des mots qui s’impriment sur des feuilles immenses. Mots de vie, mots d’espoir, mots vibrant de silence.
Puis un matin sans doute, les voilà qui s’élancent. Posés au bord des lèvres, Ils trébuchent, ils hésitent. Sauront-ils s’envoler, se suivre ou s’égarer ? Guidés par la lumière, ils quittent le silence, troublés par un écho, par l’écho d’autres mots. Et ces mots qui s’envolent, ensemble, réunis, donnent un nouveau sens à ce qui les construit. Ainsi naît la parole, le lien qui nous unit.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(7) ÉCOUTE
Ecoute les bruits, le chant de la vie, Ecoute les rêves au fil de la nuit, rêves épurés ou chargés d’embruns, appels incompris, secrets incertains. Ecoute les mots parfois murmurés par ceux dont les choix ne sont que brouillard. Ecoute leurs corps, leurs moindres regards.
Ecoute le vent muet de naissance. Ecoute les voix noyées d’espérance. Ecoute ton âme venue de si loin, elle a tant à dire, ses mots sont les tiens. Ecoute l’éther de la connaissance. Ecoute sans fin le cœur du silence.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(8) VAGUE
La vague divague entre écume et soupirs. La vague élague les larmes d’un sourire. La bague en vogue à l’orée du désir. La bogue en vague en quête d’avenir.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(9) LA MER A DES REFLETS DE GIVRE
L’aube s’étend de rose en gris, la mer a des reflets de givre. Et sur le sable qui crépite, un cri d’oiseau soudain s’enivre.
Des pas s’éloignent sans retour, l’horizon n’est qu’un souvenir. Des pas en quête d’infini... Le grand oiseau se met à rire.
Qui marche ainsi quand point le jour ? Qui croit encore à l’utopie ? Qui sont ces êtres invisibles dont les pas sont signes de vie ?
L’aube s’étend de mauve en bleu, le ciel a des reflets de mer. Les pas s’éloignent, l’oiseau les suit sur le givre blanc du désert.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(10) IVRE DE GIVRE
Le givre m’enivre
Je ressens un bonheur intense... Etoile blanche au bord des feuilles aspirée par la Voie lactée, perles de glace qui m’accueillent.
Le givre m’enivre
Les pensées n’ont plus d’importance... Sous la dentelle des fougères, je fais soudain partie d’un tout en expansion et sans repères.
Le givre m’enivre
Le froid m’entraîne dans sa danse... Je glisse entre les fleurs de glace, voyage au cœur de l’univers entre les herbes qui m’enlacent.
Le givre m’enivre et me délivre
Ann Rocard
Photo de l'auteure (Au fond à droite, Ouistreham où de nombreux migrants sont en attente d'un jour nouveau)
(11) ERRANCE
Tes yeux se sont fermés sous un éclair de lune. Tes mots se sont fanés, un rien les importune. La vie n’a plus de sens, la vie n’est qu’une errance quand le jour se fait nuit. Et ta peine est immense.
Mais bientôt dans l’abîme, une voix qui t’appelle, une présence infime, la caresse d’une aile... Libéré des frontières, un souffle de lumière murmure à l’infini, glisse sur tes paupières.
Tu recouvres la vue, tu recouvres l’espoir d’être enfin reconnu... Et tu renais ce soir dans un éclat de rire bercé de souvenirs. La lune de minuit peut enfin refleurir.
Ann Rocard
(12) UN PETIT RIEN
Un petit rien, le mien, le tien... Un petit rien que rien n’effraie. Un vol de chouette blanc dans la nuit où seul renaît le temps perdu d’un oiseau pâle. Et son reflet dans le miroir peut s’envoler sans qu’une trace vienne prouver son existence.
J’aime le chant que son écho laisse pourtant à la surface de ce miroir peu déformé qu’est la vie reprenant son cours. La source ne tarit jamais et le torrent bondit nerveux entre les herbes d’un refrain. J’aime son chant qui s’amenuise et l’horizon que l’on atteint un soir sans brise.
Ann Rocard
Acrylique sur toile (thème lumière) Acryliques
(13) DANSE ÉPHÉMÈRE
Quelques points de lumière perdus parmi les ombres, une lueur d’espoir à l’aube d’un sourire, une main qui se tend, deux trois grains de poussière… et l’on donne en partage une danse éphémère.
Quelques points de lumière et l’univers explose en des gerbes de feu garance ou corallines, bouquets incandescents en mille éclats de verre... et l’on donne en partage un amour sans frontières.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(14) ANTHROPOCÈNE
Errant dans l’anthropocène, ils ne savent où aller, chassés les uns par le feu, les autres par les marées. Les mains tendues vers l’abîme, pieds de sang sur les graviers, la Terre est perdue pour eux, la Terre est perdue pour elle. L’homme assoiffé la détruit buvant les sources lointaines sans entendre la complainte des plantes et des baleines.
Mis en scène et misanthrope, comment fuir l’anthropocène quand la glace s’évapore et les typhons se déchaînent ? Nombreux sont ceux qui pourtant tentent de sauver la Terre, mais les fous ne voient qu’eux-mêmes, nombrils surdimensionnés... Les fous gavés de pouvoir n’écoutant que leur bien-être se moquent du désespoir, de tous ceux qui désespèrent. Les plaies de l’anthropocène ne seront pas éternelles, quand les pluies d’or et d’étoiles les panseront d’étincelles.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(15) LE VIEIL HOMME ET LE VENT
Le vent siffle à travers les murs la complainte d’un vieil ermite. Homme des steppes, homme sans âge qui caresse le fil du temps à la poursuite inespérée de l’improbable vérité.
Revêtu d’un manteau de neige, il avance à pas de velours vers l’Orient où doit renaître un soleil plus vrai que nature.
Le vent criaille et s’évertue à lui faire oublier son but. « La vérité n’existe pas ! hurle le vent sur la toundra. La vérité n’est qu’utopie, rejoins les tiens, ta vie paisible ! »
Mais le vieil homme sans fin sourit, le regard fixé sur un monde dont il ne perçoit que les sons depuis qu’il a perdu la vue. Monde aux couleurs de l’espérance, monde de paix, sans faux-semblants où la confiance est étincelles et la vérité évidente.
Ann Rocard
Acrylique sur toile de l'auteure Acryliques
(16) PRÉLUDE
Ferme les yeux, tout est prélude à la venue d’un jour de miel. Les doigts égrènent sur les portées des trilles aux reflets cuivrés, deux trois soupirs entre deux clefs. Bel interlude...
Ouvre les yeux, tout est prélude à l’explosion immatérielle de quelques notes en farandole, délaissant dièses et bémols. Et la musique enfin s’envole. Sans servitude.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(17) AU CŒUR D'UN ARBRE
Regard étrange au cœur d’un arbre à l’affût de siècles perdus. Regard au détour de l’écorce dont la paupière se soulève mais ne s’étonne plus de rien. Regard pétrifié dans le marbre.
Regard fixe d’un centenaire dans ce monde où tout évolue. Il est le feu, il est l’esprit de tous ceux qui l’ont précédé entre broussailles et futaies à l’orée d’un bois sans clairière.
Regard dont la pupille attire un enfant surpris par la pluie, un enfant qui croit aux esprits, peuple invisible des forêts. Mythe ou légende ? Quelle importance... Regard dont on ne saurait dire s’il est empreint de connaissance. Mais l’arbre peut grâce à l’enfant revivre encore quelques instants puis dans un souffle s’évanouir.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(18) SPIRALE ÉPICÉE
J’aime la valse des spirales, la plongée dans l’immensité d’un songe orange et musical où le jaune s’est égaré.
J’aime le refrain des spirales et son écho qui s’évanouit dans l’espace intersidéral, étourdissante mélodie.
J’aime le parfum des spirales, zestes d’agrumes, poudres d’épices de ces tourbillons apétales qui me surprennent, m’étourdissent.
J’aime le souffle des spirales souffle témoin d’un long voyage dans un univers de cristal... Imaginaire ou bien mirage ?
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(19) PORTE FERMÉE
Porte fermée d’un univers fait de brumes impénétrables. Porte fermée en bois vernis... Trois coups frappés tel un écho qui se répète à l’infini.
Trois coups que le silence emporte, pâle reflet d’une élégie. Ce monde opaque et inconnu ne laisse entrer que les zéphyrs qui se glissent par la serrure à la ferrure alambiquée.
Porte limite entre deux mondes qu’on pourrait pourtant réunir si la lumière fleurissait après tant d’années de ténèbres.
Porte fermée sur les non-dits, les mots blessés, les gestes fous... De part et d’autre de ce mur infranchissable de brouillard, des mains tremblent, des yeux murmurent, des chants muets se font entendre.
Qui saura entrouvrir la porte, desceller les pierres de brume ? Qui soufflera sur la pénombre, fera valser les galaxies et allumera, une à une, les étoiles au cœur de la nuit ?
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(20) MARCHE ININTERROMPUE
Le refrain de nos amours a bercé l’aube du temps. J’ai marché d’un pas tranquille, je me retournais souvent.
J’ai marché vers l’horizon, espérant te retrouver entre sables et nuages quand s’inversent les marées.
J’ai marché, le cœur en fête... Maintenant il se fait tard. L’horizon s’est éloigné telle une épave du soir.
Mais je marche, marche encore, je n’ai pas perdu l’espoir de te croiser sur la grève et de cueillir ton regard.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(21) SILENCE
Le silence a perlé un soir dans les abysses et dans ce brouhaha fait de mer enchaînée, sa voix s’est fait entendre, un souffle de sirène émaillé de sanglots à peine perceptibles. Le silence a parlé, tel un guide endeuillé.
Sa douleur était grande, et ses larmes amères. L’homme venait d’éteindre le dernier survivant que la Terre ait porté, un oiseau lumineux aux yeux couleur de lune, un oiseau que chacun surnommait Liberté.
Pour la première fois s’exprimait le silence. Et sa voix sans écho s’éteignit à jamais en toute indifférence.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(22) BLEU
Le bleu s’étire entre les cimes et les nuages vagabonds. Le bleu glisse dans les abîmes et s’alanguit dans les vallons.
Le bleu d’un jour parfois se grise, la neige bleuit sur les branches. Le bleu envoûte et hypnotise... Bleu cérulé ou bleu pervenche.
Le bleu d’un hiver en péril lisse les peurs et les ennuis, en équilibre sur un fil... Bleu synonyme d’infini.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(23) OMBRES
Quand des ombres se forment, s’éloignent, se rassemblent, quand des ombres s’envolent ne sachant où aller, je ne peux que souffler, murmurer quelques mots qui leur servent de voiles, de radeaux de fortune.
Mes pensées vont vers elles, ces ombres malmenées que le destin délaisse. Radeaux de la méduse perdus dans la tempête.
Mes pensées vont vers elles, leur courage insensé, leurs espoirs impensables, leur périple impensé.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(24) NEIGE PASSAGÈRE
Neige passagère entre gris et vert... Quelques vagues, un peu d’écume perlant au clair de la brume.
Neige sur la mer, songe de l’hiver... Une mouette se met à rire, un grand cri mauve et saphir.
Neige entre deux mots nage entre deux eaux. Plus un bruit, tout est langueur. La neige adoucit nos peurs.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(25) Le mot égalité aurait enfin un sens
La vie d’un étourneau se partage en rêvant, la vie d’une hirondelle pourrait en faire autant...
Pourtant les mots m’assaillent sans fin, je m’interroge : pourquoi la vie est-elle un déluge de larmes pour ceux qui n’ont plus rien, pas même l’ombre d’un soir ? Pourquoi d’autres sourient sans penser à demain, tant d’autres s’émerveillent sous un ciel sans nuages... Pourquoi cette injustice qui ne peut s’expliquer ?
Il y a si longtemps que ces questions résonnent dans ma gorge serrée, sur mes lèvres muettes... Si l’on pouvait cueillir quelques brins de bonheur, les tendre, les offrir, savoir les partager... Si la vie se parait de plus d’humanité, le mot égalité aurait enfin un sens, couleur insaisissable au parfum de l’enfance.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(26) L'IVRE DE VIE, LIBRE DE VIE
Une page est tournée mais n’a pas disparu, d’infimes cicatrices y resteront gravées. Le livre de la vie s’écrit au jour le jour. Plume d’oie ou de fer, taches d’encre trop noire, cris et larmes amères.
Les pages peu à peu deviennent plus légères, de semaine en semaine et d’année en année. Tous les mots de papier se font mots de lumière. Dansant sans hésiter, Ivres de vie sans crainte... Ivres, libres et fiers.
Quand vient le crépuscule, le livre se referme. Sans un bruit ni regret... tout serait à refaire. Une page s’envole, ce sera la dernière de cette vie passée, la première sans doute d’une vie à venir. Vie d’ombre et de sourires. J’espère.
Ann Rocard
Acrylique sur toile de l'auteure Acryliques
(27) LA ROSE DU TEMPS
La rose du temps a fleuri cet hiver dans la nuit mauve sans le moindre repère.
La rose du temps naïve, s’imagine qu’elle est aimée sauvée par ses épines.
La rose du temps n’est que rose des vents à l’horizon d’un éternel printemps.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(28) THÉ HIER ET AUJOURD'HUI
Thé d’un jour ou d’une nuit, thé d’hier et d’aujourd’hui, théière échappée d’un songe fait de chants ou de mensonges.
Beau thé qui sans fin nous mène où Proust et sa madeleine s’égaraient en souvenirs.
Bon thé pour la bienveillance thé orbe en toute confiance, point d’orgue ou demi-soupir.
Sans thé, pas d’instant de pause, de partage et de symbiose sur les pas d’un tétras lyre.
Fier thé pour qui sait renaître, vent thé, ouvrons les fenêtres. Tout finit par s’éclaircir.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(29) LOINTAIN PAYS DE SON ENFANCE
Lointain pays de son enfance où la mer le berçait de bleu, mer océan ou mère aimante.
Lointain pays auquel il pense en fermant lentement les yeux fuyant les craintes qui le hantent.
Une image soudain s’élance, une main lisse ses cheveux Le voilà glissant sur les pentes.
Sa vie est une longue danse, souvenirs de glace et de feu. Trop souvent il la réinvente.
Le jour s’éloigne sans méfiance. Est-il vraiment devenu vieux ? La réponse le désoriente si peu...
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(30) REFLETS
Quelques roseaux au bord de l’eau, immobiles, loin d’un grand chêne, vieux rescapé de La Fontaine.
A la surface de l’étang, le ciel se noie, le ciel s’égare, puis disparaît dans les sous-bois.
Vision étrange quand seule est vraie l’image d’un ciel que reflète le miroir d’un lac oublié entre les tiges de roseaux, les nuages sauge et cuivrés.
Vision étrange, entraperçue par celui qui plonge en lui-même pour y chercher un ciel rêvé, la danse souple d’un poème, ou le secret d’un haïku.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(31) MURMURE (chanson)
Te souviens-tu d’une rivière qui serpentait au fond d’un bois dans la grisaille de l’hiver, et son murmure d’autrefois ?
J’écoutais le chant de la neige, je goûtais les fleurs de silence... La brise égrenait des arpèges, pianissimo et transparence.
Te souviens-tu de cette pause sur un pont de rondins verdis, le temps d’une métamorphose où l’ombre nous berçait de gris ?
Je sentais les blancs et les noirs entrelacés dans la clairière et je caressais du regard de pâles bouquets de lumière.
Te souviens-tu de ce murmure et de son refrain invisible, telle une étrange enluminure où plus rien n’était impossible ?
Quand les couleurs sont revenues, nos chemins se sont séparés, le murmure de l’eau s’est tu... Dans ma mémoire, il n’est resté qu’une image désenchantée.
Ann Rocard
CHALLENGE 2021 LES POÈMES DE L'AUBE Un poème chaque matin...
FÉVRIER
Photo de l'auteure
(1) L'AMOUREUX DES NUAGES
L’amoureux des nuages est toujours à l’affût d’un tableau insolite qu’il ne reverra plus.
Une forme l’attire, une couleur l’émeut quand l’aube se retire ou que le ciel prend feu.
Il se laisse aspirer dans un monde sans âge, il se laisse envoûter sans craindre les naufrages.
Et dans chaque nuage, il découvre un mystère, histoire imprévisible d’une pierre angulaire.
Il demeure en suspens quand le ciel l’hypnotise, il fait partie d’un tout que le soleil irise.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(2) DANS UNE BULLE D'AIR...
Se laisser emporter dans une bulle d’air et regarder la Terre sans chercher à comprendre pourquoi l’humanité a des côtés obscurs qui jamais ne sauront disparaître ou faner.
Se laisser emporter, voir le monde à l’envers, vert et bleu outremer pour effacer les ombres, adoucir les contours des armes acérées sans nager en eaux troubles dans l’océan glacé.
Se laisser emporter... Voyage en solitaire, vivre l’instant présent et frôler l’horizon. Respirer sans languir, s’émerveiller de tout et survoler la mer en toute liberté.
Se laisser emporter... Embarquer pour Cythère et ne plus séparer rêve et réalité. Puis revenir enfin à son point de départ, apaisé, libéré des chaînes du passé.
Ann Rocard
N'ayant jamais écrit d'haïkus, j'ai soudain envie de me pencher sur cette forme brève, au rythme très particulier (5 syllabes — 7 syllabes — 5 syllabes). 5—7—5, le temps d'une respiration... et les mots restent en suspens.
Photo de l'auteure
(3) HAÏKU 1
Le souffle de l’aube soulève un voile d’écume et le ciel s’embrume
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(4) HAÏKU 2
Pluie d’un jour limpide dans un jardin éphémère Perles chrysalides
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(5) HAÏKU 3
La neige alentour chante des mots éternels Pause intemporelle
Ann Rocard
Acrylique de l'auteure
(6) QUAND LE NOIR A PRIS FEU...
Hier tout était noir noir de jais sur la grève. Hier tout ressemblait à un gouffre sans fond. Soudain tout a changé sans la moindre raison.
Hier tout était noir, noir d’encre, noir sans sève. Mais le noir a pris feu, les flammes ont jailli embrasant tout l’espace, offrant leur énergie.
Hier tout était noir, aujourd’hui tout est rêve. Glissant par la lucarne le soleil se languit et des rais de lumière dansent sur les taillis.
Hier tout était noir, et la lune se lève. L’été est encor loin mais la chaleur émane de la fenêtre ouverte sur un monde diaphane.
Hier tout était noir, tout explose sans trêve. Le jaune est éternel et couleur de l’oubli, peau neuve de la terre, il appelle la pluie.
Hier tout était noir, le désespoir s’achève. Jaune ne peut s’éteindre, il franchit l’or du temps, et rouge l’ensorcelle dans une pluie de sang.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(7) HAÏKU 4
Posée sur mes lèvres la douceur d’un rêve mauve quand la nuit s’achève
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(8) HAÏKU 5
Rencontres fortuites et larmes de stalactites entre les rochers
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(9) HAÏKU 6
L’eau d’un vieux lavoir n’est que l’illusion d’un soir entre blancs et gris
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(10) VERS UN AUTRE DESTIN
De marche en marche vers un autre destin, un pas puis l’autre d’un jour sans lendemain. Sans hésiter, une main sur la rampe, glisser enfin au cœur même d’une estampe.
De marche en marche, l’escalier nous attire vers un ailleurs parsemé de lampyres. Sans hésiter, guidés par la lumière, glisser enfin au cœur même de la terre.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(11) HAÏKU 7
Une lune bleue se pose dans l’air diaphane sur un arbre en feu
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(12) HAÏKU 8
Des traces de pas fuient l’écorce abandonnée quand sonne le glas
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(13) HAÏKU 9
La mer de nuages invente un nouveau mirage Qui saura l’atteindre ?
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(14) HAÏKU 10
L’étoile d’un soir glisse sur un lit de mousse Songe aléatoire
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(15) HAÏKU 11
La clarté diffuse au sein d’un lac intérieur le parfum des heures Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(16) L'ONDE
L’onde a cherché ses mots sans espoir ni repos. Dans l’étang malmené, les bleus se désespèrent. Pourtant les mots perdus sont parfois retrouvés.
L’onde élève la nuit et les chants l’accompagnent. Un mystère dont le sens n’est pas encor compris. La musique sépare ou parfois réunit. La musique enveloppe les amants qui s’enfuient.
L’onde est le reflet gris des vies qui s’amoncellent et dans ses eaux sans fond, un être m’interpelle Qu’a-t-il à dévoiler ? Que veut-il me transmettre ? Je fixe son regard dans l’océan du temps et l’amour qui s’en suit s’éloigne du néant.
L’onde confie ses mots à ceux qui les entendent, les cueillent sans vouloir en comprendre le sens. Et quand le jour se lève, ils saisissent enfin ce mystère insoluble que ces mots contenaient.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(17) HAÏKU 12
Rouge, noir et blanc A minuit l’hiver suspend les fruits du sorbier
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(18) POUR UN RIRE DE MOUETTE...
Pour un rire de mouette sur un ciel délavé, On oublierait récifs, tempêtes et naufrages, Racailles et rocailles, à l’affût sur les plages, Tous ceux pour qui l’écoute est un mot délaissé.
Pour un rire de mouette dans un bouquet d’écume, Irisé par la mer et les embruns de lune, Vous pourriez sans effort survoler l’océan, Yeux dans le vague à l’âme, embués par les vents.
Pour un rire de mouette, vous changeriez le monde, la nuit resplendirait, étoilée d’eau profonde, avant de regagner, sans attendre l’aurore, de regagner le port.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(19) HAÏKU 13
La fleur d’hellébore ouvre les yeux rose et or sur un jour nouveau
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(20) OISELEUR
Au fond d’un jardin sans couleurs, il est un être que j’ignore ; il est pour moi un oiseleur, un ami ou peut-être un père que je n’ai jamais rencontré ; son nom disparut à l’aurore noyé de rosée délétère.
Au fond d’un jardin sans couleurs, les arbres pleurent son absence... Il est pourtant là dans l’air pur d’un jardin qui se remémore une épopée de liens obscurs. L’ai-je connu, imaginé ? Est-il un souvenir d’enfance ?
Au fond d’un jardin sans couleurs, il est un être que l’on aime croiser au détour d’un sentier, silhouette aux reflets d’émail paré de perles d’oxymores. Si l’on perçoit son immanence, il nous élève entre deux eaux et l’on respire sa présence à fleur de peau.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(21) HAÏKU 14
Ne dis plus un mot Ecoute le chant de l’eau Où s’enfuient les rêves ?
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(22) HAÏKU 15
Que sera le monde quand les oiseaux se tairont ? La mort a raison Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(23) J’AVAIS HUIT ANS
J’avais huit ans, de l’or dans les cheveux et l’envie d’être aimée. Les jonquilles riaient jaunes à perte de vue et je revis souvent ces instants lumineux.
J’avais huit ans à l’écoute du vent et le cœur en lambeaux. Je roulais sur la pente, les fleurs se relevaient et leur rire éclatait en milliers de soleils.
J’avais huit ans ne sachant que ce jour resterait un cadeau. Je vivais hors du temps, jonquilles au fond des yeux, couronnes de fougères, regards de mon grand-père qui souriait sans cesse.
J’avais huit ans, cachant une blessure sous le rire des fleurs et riais avec elles.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(24) HAÏKU 16
Retour en arrière à l’origine du temps Etrange chimère
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(25) HAÏKU 17
Au bord du layon l’écho perdu d’un frisson La vie m’interpelle
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(26) SEUL RESCAPÉ (chanson)
La fureur de l’éclair avait jailli soudain. Le monde était en guerre, l’enfant pleurait en vain.
On lui avait fait croire à la paix éternelle, aux plus belles histoires, au bonheur arc-en-ciel.
Pas de sauve-qui-peut... Qui pourrait s’en soucier ? Le monde était en feu, l’enfant seul rescapé.
Tout était rouge et noir. Ses larmes tarissaient. Il n’avait plus d’espoir et le jour se levait.
Sur cet enfer de sang, l’enfant ferma les yeux et bercé par le vent, il murmura : je veux...
Oui, je veux que tout change, que le passé revienne. Mais un silence étrange alimentait sa peine.
Que pouvait-il donc faire dans ce monde perdu ? Enfant, seul sur la Terre, il gémit, puis se tut.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(27) HAÏKU 18
Plongée visionnaire dans un passé révolu Effet de lumière ?
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(28) FARANDOLE
Farandole... Je m’envole et l’écume batifole. Puis un gravelot décolle ravivant les souvenirs qu’on croyait déjà fanés, les images, les sourires qu’on avait vite oubliés... Souvenirs d’un ciel nouveau où les mots se font oiseaux, où les fleurs tracent sans fin les nuages de l’espoir sans craindre le lendemain. Farandole au fil de l’eau, farandole de mémoire...
Ann Rocard
MARS
Tableau de l'auteure
(1) HAÏKU 19
Lune rousse et or sur le sable au crépuscule Ballet funambule
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(2) HIVER ET PRIMEVÈRES
Etrange envie de fleurs pour chasser les nouvelles, les cris et les horreurs que le monde déverse.
Courir se réfugier dans un jardin secret une heure, loin du temps, à l’abri des tempêtes.
Echapper aux folies de cette humanité aux inégalités qui ne font qu’empirer.
Trouver en plein hiver deux ou trois primevères. S’immerger un instant dans leur éternité.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(3) HAÏKU 20
A l’heure où le soir lance un appel incertain tout est illusoire
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(4) HAÏKU 21
Cueille une fleur d’encre Soudain les ombres s’éveillent la nuit t’émerveille
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(5) RÉPONSE
La réponse était là, sous la couche de neige. Il l’avait déposée à l’aube de l’hiver en espérant qu’un jour on la découvrirait. Réponse non écrite, faite de mots secrets imprimés dans l’écorce d’une souche invisible. Il l’avait murmurée sans chercher à mentir ; elle offrait alentour l’écho d’un sortilège.
La réponse était là, sous la couche de neige. En ce matin de mars, il fixait cet endroit pour l’instant inviolé, cet espace à l’abri du silence enneigé. Il attendait en vain l’arrivée du printemps qui permettrait enfin à tous ses mots muets de pouvoir s’exprimer. La réponse était là... Réponse et vérité.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(6) HAÏKU 22
L’écho d’une pierre à la surface de l’eau Souffle nécessaire
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(7) CROCUS
Crocus à croquer entre deux brins d’herbe Crocus étonnés dans ce monde acerbe
Crocus en attente d’un autre futur loin de la tourmente et des moisissures
Crocus alanguis un jour de dégel Crocus à l’abri d’un éclat de ciel
Crocus d’un matin ou crocus d’un soir Reflets d’un chagrin Refrain dérisoire
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(8) HAÏKU 23
Chatons sans repère dans l’air bleuté de l’hiver rêvent d’océan
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(9) TOURBILLON D'ÉTOILES
Un tourbillon d’étoiles dans un regard de feu et la nuit s’illumine sans espoir de retour.
Une pensée se voile... Le monde était-il bleu dans la nuit cristalline aux reflets de velours ?
Et quand l’aube dévoile image ou camaïeu, un sourire enlumine le ciel aux alentours.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(10) ECUME
L’écume se retire laissant des mots gravés sur le sable nacré.
Nul ne pourra les lire car les vagues effacent quelques lettres fugaces.
Reste le souvenir d’un secret murmuré sur la plage enneigée.
L’écume se retire, le temps passe et repasse sur le sable sans traces.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(11) HAÏKU 24
Une chevelure de neige avait recouvert l’arbre légendaire
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(12) CE N’ÉTAIT PLUS ICI, CE N’ÉTAIT PLUS LÀ-BAS
Il entrouvrit les yeux, le monde avait changé. La nuit s’était teintée de jaune, rouge et bleu. Ce n’était plus ici, ce n’était plus là-bas... Le monde avait changé, il ignorait pourquoi.
Les bleus volaient sans cesse et les rouges criaient décrivant leur détresse, leur refus d’exister. Les bleus s’imaginaient traverser l’univers et les jaunes riaient, inondés de lumière. Les noirs s’éparpillaient perdus dans cet espace et les rouges pleuraient en se voilant la face.
Il avait oublié ce qu’il s’était passé. Ce n’était plus ici, ce n’était plus là-bas. Il avait atterri dans son propre tableau où l’ombre de la nuit ressemblait au chaos. Prisonnier à jamais du jaune, rouge et bleu, il préféra rêver et referma les yeux.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(13) HAÏKU 25
Un buisson de houx dans la lumière enneigée d’un matin glacé
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(14) CHORÉGRAPHIE
En quelques pas de danse, ils franchissent l’espace d’un océan d’écume et d’ombres qui s’enlacent.
La musique est en eux et le rythme est en nous. Gravelots sur la grève où le ciel se dénoue.
Cette chorégraphie apaise en un instant des peurs insoupçonnées et les laisse en suspens.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(15) HAÏKU DOUBLE 26
Montre-moi ta montre Je te dirai qui tu es On ne sait jamais
Montre-moi ta montre Je te dirai s’il est l’heure de croire au bonheur
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(16) HAÏKU 27
Je l’ai vu danser à l’horizon gris et vert entre ciel et mer
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(17) SUR LES DÉCOMBRES
Horreur d’un soir où tout explose, où la violence fait fureur. Les cris jaillissent entre les roses... La vie n’est qu’un fétu de paille entre les mains des fous de guerre. Mains qu’ils croient guidées par un dieu, être lugubre et sanguinaire.
Horreur d’un soir où tout s’éteint et d’un matin noyé de larmes à l’horizon sans lendemain... Larmes de sources improbables dont le sel ne peut plus sécher. Le sang ruisselle entre les ombres dans le silence et l’air glacé.
Horreur qu’on espérait finie, voilée par tous les beaux discours. Mais les croyances hélas perdurent, le fanatisme est de retour... Parmi les rares survivants, des voix s’élèvent, solitaires. Pourtant qui saura les entendre au fil des ans, des millénaires ?
Il se fait tard, il se fait sombre, et mon cœur meurtri se délite sur les décombres.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(18) HAÏKU 28
Quand il s’est éteint l’onde de l’obscurité l’a enveloppé
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(19) HAÏKU 29
Cassisflore en fleur d’un hiver qui se méprend Dernier signe blanc
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(20) PREMIER JOUR DE PRINTEMPS
Premier jour de printemps... Le jardin se réveille dans la brume opaline, accueillant mille oiseaux qui soudain s’interpellent. Curieuse ritournelle.
Premier jour de printemps... Un parfum ensorcelle celui qui s’aventure près d’une haie fleurie, clématites d’Armand aux reflets verts et blancs.
Premier jour de printemps... Le souffle imperceptible des bourgeons qui s’étirent, frôle du bout de l’aile l’espoir de renaissance. Invisible présence.
Premier jour de printemps... La nature s’enivre et transmet alentour le désir d’un futur qui serait différent aux quatre coins du temps.
Premier jour de printemps... Surprenez le sourire d’une mésange bleue ou d’un merle moqueur sur la branche d’un pin. Message sibyllin.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(21) HAÏKU 30
La vie se poursuit de l’autre côté du mur en un long murmure
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(22) VÉRITÉS
La vérité se décompose en fragments de lune ambigus. La vérité nous met à nu, les mensonges nous indisposent.
La vérité se croit unique, perle sacrée de quelques-uns qui détiendraient un parchemin, fait de certitude éclectique.
Kaléidoscope éclaté, la vérité nous met en face d’une étrange réalité qui n’affleure qu’à la surface d’un monde où règnent des croyances auxquelles certains ne croient plus... D’autres avec condescendance s’approprient des idées reçues.
La vérité se décompose en multiples battements d’ailes, le temps infini d’une pause... car la vérité est plurielle.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(23) HAÏKU 31
Matin naufragé Si les nuages s’enflamment essaie d’oublier
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(24) SOURIRE EN DEMI-TEINTE
Dans la nuit, je chemine sans craindre les écueils... Nervures sur les feuilles quand le ciel s’illumine.
Au détour du sous-bois, un éclat de lumière et l’écho d’une voix là-bas, dans la clairière.
Dans la nuit, je m’évade, sourire en demi-teinte, chantonnant la ballade d’une époque défunte.
A l’ombre d’un buisson, quelques instants de paix, le souvenir d’un nom qui ne s’éteint jamais.
Dans la nuit, je m’éloigne, effleurant le sentier au cœur de la montagne où je t’ai retrouvé.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(25) HAÏKU 32
Un grain de poussière sur le chemin des étoiles Tout n’est que mystère
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(26) A L’ABRI DU FEUILLAGE
A l’abri du feuillage, il observe les ombres, le vol des oies sauvages fuyant dans la pénombre.
A l’abri du feuillage, il saisit des pensées, étonnants témoignages qu’on croyait oubliés.
A l’abri du feuillage, il perçoit les reflets d’un horizon mirage qui s’éloigne à jamais.
A l’abri du feuillage, l’espoir a disparu... Il repense aux visages qu’il n’a jamais revus.
A l’abri du feuillage, il s’apaise et commence son tout dernier voyage. Etrange renaissance.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(27) HAÏKU 33
Cueille un muscaris à l’orée d’un bois de pins Poursuis ton chemin
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(28) J’aurais aimé nager ainsi...
C’était un matin de tempête. Je m’étais posée sur les vagues entre les algues, les rochers... Et l’écume tourbillonnait.
Un vent fou sifflait à tue-tête. Je venais de la galaxie où les planètes de cristal scintillent comme des étoiles.
J’étais naïve, un peu distraite. Je suis née entre rose et bleu à l’heure où le soleil colore, le ciel et l’ombre avant l’aurore.
Au loin, le rire d’une mouette... Un cœur battait au fond des eaux, rythme lointain et rassurant ; et je traversais l’océan.
Sans la moindre pensée secrète, j’entendais le chant des baleines. J’aurais aimé nager ainsi au fil des siècles sans souci.
Parfois tout change ou bien s’arrête... La houle devenait violente ; j’ai échoué sur un rivage après neuf mois d’un long voyage.
La vie entrouvre les fenêtres. J’ai savouré le vent salé, une voix souvent entendue... Le chant des baleines s’est tu
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(29) HAÏKU 34
Le ciel s’alanguit Enivré de mauve et rose l’horizon s’enfuit
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(30) LE FIL DE L’HISTOIRE
Quand le fil se faufile dans le chas de l’aiguille, il sourit aux étoiles, à l’espace sans limites, à l’univers entier, sous une pluie si fine que lui-même s’y perdrait.
C’est le fil d’une histoire et c’est le fil du souffle, le souffle de la vie, le souffle de la nuit, cette nuit insondable dont on ne peut sortir, tel un cocon douillet où l’on est à l’abri.
C’est un souffle extérieur qu’on ne peut maîtriser, un tyran domestique, un tyran étatique. Et pour lui échapper, il nous faut faire appel à un souffle intérieur, invisible et puissant, qui se transforme en brise et calme l’océan.
C’est une histoire ancienne à la fin méconnue, un fil qui se défile sans raison ni logique, un fil incandescent qui n’a plus aucun sens et qui pourtant nous guide sur le chemin de vie.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(31) HAÏKU 35
Giboulées de mars Les giroflées se dispersent en larmes éparses
Ann Rocard
CHALLENGE 2021 LES POÈMES DE L'AUBE Un poème chaque matin...
AVRIL
Tableau de l'auteure
(1) CONTRE VENTS ET MARÉES
Contre vents et marées, affronter les tempêtes en espérant toujours atteindre l’horizon.
Contre vents et marées, s’imaginer poète contant au point du jour une étrange chanson.
Contre vents et marées, poursuivre à l’aveuglette un impossible amour, le souvenir d’un nom.
Contre vents et marées, jouer les trouble-fête, exprimer alentour ses revendications.
Contre vents et marées, s’en tenir à sa quête, quête de jour en jour malgré les tourbillons.
Contre vents et marées, en barque ou goélette, poursuivre sans retour espoir ou illusions.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(2) SANS LIMITE ENTRE CIEL ET MER
Sans limite entre ciel et mer, l’horizon n’est qu’un souvenir d’un monde qui a disparu un soir d’avril, un jour sans âme.
Je suis partie loin sur les flots à la recherche d’un futur qui n’avait plus de raison d’être. Le vent soufflait, soufflait sans cesse, hostile aux espoirs de ma quête.
Mais j’avançais sans crier gare, le regard fixé vers un point inexistant et sans mémoire. J’avançais, portée par un songe, un refrain jadis fredonné, une ode à un bonheur perdu un soir d’avril, un jour glacé.
Je suis partie, sans illusions ni croyance préétablie. J’ai cheminé au gré des vagues vers un mirage, une utopie qui s’éloignait dans un murmure.
Sans limite entre ciel et mer, la notion même d’horizon n’avait plus que la consistance d’une larme au bord d’un fossé.
J’ai perçu soudain son parfum, perlé d’embruns et de pétales. Je l’ai suivi, les yeux fermés. Sans réfléchir, le cœur ouvert... Et peu à peu, ce souvenir a pointé entre ciel et mer. Nouvel horizon sans limites, que j’ai cueilli sans hésiter... un soir d’avril, un jour doré.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(3) ELLIPSES
Il parle par ellipses s’adressant à la ronde, il jongle avec les mots. Les idées se confondent.
Pourtant nous écoutons son discours allusif, raccourci éminent, brodé de hiéroglyphes.
Un dialogue incompris fait de sous-entendus. Chacun picore en vain des phrases suspendues.
Quand l’ellipse du verbe vous ôte la parole, comment interpréter de telles paraboles ?
La communication s’égare dans la brume Plus rien ne nous relie, l’échange se consume.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(4) LE CIEL EST BLANC SANS AMERTUME
Le ciel est blanc comme la neige, voile de brume au petit jour. Le ciel est blanc sans amertume et sa caresse nous entoure. Un ciel de lait qui s’interroge sur la vie juste ou sirupeuse. Un ciel qui porte encore en lui le rêve oublié d’une nuit.
Céleste est là, nappée d’aurore, et sa présence est apaisante. Elle dit les mots qui éclairent, le sens perdu d’une ophélie et la tendresse d’un instant. Elle connaît l’aube cachée dans la mémoire d’un présent, et sait que la vie se réfère à l’éternel commencement d’un lieu sans lune ni repère.
Elle se fond dans le ciel blanc. Elle est la sœur, elle est la mère ou bien l’enfant qui nous est cher... Elle est le double qu’on espère.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(5) HAÏKU 36
Je rêve ou lévite Voyage intersidéral Où sont les limites ?
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(6) PAROLES
Parole qui s’envole, trop libre et volatile. Parole sans fondement, sans écho inutile. Parole faite de mots monotones ou méchants.
Quand les mots sont des maux pris au pied de la lettre, des maux sans raison d’être, la parole détonne, la parole est tonnerre et peut transpercer l’air, l’air de rien, l’air du temps.
Parole qui s’envole, assassine ou futile. Des mots que l’on échange, où frémit l’émotion d’un idéal détruit et qu’on ne peut atteindre.
Mais les mots sont aussi des fleurs du lendemain, se fanant au matin ou s’ouvrant à la lune. Les mots sont des joyaux, éphémères ou joyeux.
Avec ces mots caresses, nous referions le monde, utopie, renouveau dans un monde sans maux.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(7) HAÏKU 37
Entre les rouages de ces vies qui s’entrecroisent guetter un message
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(8) NE TE DÉCOUVRE PAS D’UN FIL...
En avril sans mobile, ne te découvre pas du moindre petit fil. De quel fil s’agit-il ? Celui qui permettrait de ressortir indemne d’un labyrinthe obscur où l’on s’est égaré ? N’hésitez pas longtemps, passez un coup de fil, demandez à Ariane le fil de ses pensées.
En avril, difficile de se croire en été et d’en perdre le fil. De quel fil s’agit-il ? Celui qui vous apporte bien du fil à retordre ou qui vous importune, tel un fil à la patte ? Celui qui vous protège quand l’espoir d’une vie ne tient plus qu’à un fil, sifflant : « Echec et mat ! ».
Quand avril volatil s’effile au fil des jours, un proverbe futile se distille alentour.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(9) HAÏKU 38
Quand le jour s’éveille écoute au cœur de la treille le chant du coucou
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(10) EN VAIN...
De fleur en fleur dans mon jardin, une pensée chemine en vain. Sa voix se perd dans le silence du merle dont le chant s’est tu.
Pensée légère qui se dispense de toute temporalité, pensée d’hiver qui se disperse entre brins d’herbe et graminées, Pensée légère trop éphémère à la recherche de l’été.
Sur l’écorce d’un arbre mort, une pensée chemine encore. Sa quête est celle que le vent égrène dans la nuit des temps.
Pensée qui ne sait que penser de la vie d’ombre et de barrières. Pensée qui se voudrait active mais se perd au cœur des bruyères. Pensée d’un soir, pensée d’espoir à la recherche de lumière.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(11) HAÏKU 39
Ta main sur ma peau Soudain tout mon corps s’enflamme Par monts et par vaux
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(12) UN AVION TRAVERSE LE CIEL...
Un avion traverse le ciel à l’heure où l’ombre se déchire. Tel un oiseau à tire-d’aile, il emporte mes souvenirs.
J’ai beau rechercher les images de cette époque surannée, je ne revois qu’un noir rivage, un cri sur le sable mouillé.
Sur la plage un enfant rêvait d’un monde bleu, imaginaire. Silhouette sans un regret quittant le froid d’un long hiver.
Derrière un lambeau de nuages se cache la vie d’autrefois qui embellissait les mirages et changeait le timbre des voix.
Un avion traverse le ciel et plonge dans l’éternité. Je ne serai plus jamais celle que je croyais avoir été.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(13) HAÏKU 40
Laisse-toi porter par la brise et les embruns Voyage sans fin ?
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(14) Eternel leitmotiv
Il déambule en équilibre sur le bois sombre des solives. Un funambule qui se croit libre de vivre seul, à la dérive.
Centré sur lui et son bien-être, suivant sa propre perspective, il se réjouit et croit renaître en une ultime tentative.
Sans un regard pour ceux qui restent... C’est l’éternel leitmotiv : celui qui part, lâche du lest et s’éloigne sur l’autre rive.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(15) L’œuf était dans la tombe...
L’œuf était dans la tombe, il ne regardait rien. Cahin-caha, dans l’ombre d’un toit aux reflets bruns.
L’œuf était dans la tombe, il fuyait son destin. Son regard était sombre, l’espoir s’était éteint.
L’œuf était dans la tombe, il ignorait Caïn, perdu dans la pénombre. Tous deux ne faisaient qu’un.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(16) HAÏKU 41
Visage masqué et sourire en embuscade Sombre mascarade
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(17) SON VOYAGE SE TERMINE
Un long voyage s’achève. Il aperçoit les collines qu’il imaginait en rêve dans la brume zinzoline.
Il a parcouru les mers, les deux mains sur les boulines, se nourrissant de chimères... Les nuages le fascinent.
Evitant le genre humain, caressant sa mandoline, il chantait les vieux refrains d’un pays qu’on assassine.
Il ne fuira plus sans fin les conflits et la famine. Il vivra auprès des siens... Il est celui qu’on estime.
Aujourd’hui, la côte est proche, il écoute les clarines. Pas de regrets ni reproches... Son voyage se termine.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(18) HAÏKU 42
La boîte à musique égrène un air métallique venu de l’enfance
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(19) JE MARCHAIS SUR LE CIEL
Te souviens-tu de ce matin ? Je marchais sans bruit sur le ciel et je n’avais que dix-sept ans. J’étais candide et immortelle.
L’avenir s’étendait à l’aube des nuages en ribambelle. Je dansais en apesanteur, j’étais l’ombre d’une hirondelle.
La vie serait un long voyage, le vent emportait les ombelles. La nuit s’éloignait à pas lents... L’utopie me donnait des ailes.
Tout reposait sur la confiance... Mais la vie ne fut jamais celle dont j’imaginais l’aventure. Les univers sont parallèles.
Te souviens-tu de ce matin ? Peu à peu, le ciel se pommelle. On ne peut changer le passé. L’aube vacille et je chancelle.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(20) EFFEUILLAGE
Le feuillage frissonne, le feuillage où s’écrit le cycle de la vie de nervure en nervure. Le feuillage frémit, un sentier apparaît.
Qui longe ce chemin sans jamais s’arrêter ? Le temps... Le temps qui sait que la voie est sans trêve une avancée vers soi et un pas vers les autres.
Sur le sentier défilent les souvenirs perdus, le souffle des paroles que l’on n’écoute plus. L’avenir se faufile à l’abri des grands arbres et j’essaie de le suivre.
Où va-t-il ? Que m’importe, le fil est à ma porte... ma portée de musique comme un refrain majeur.
La clef se trouve là, clef de sol, clef de fa, réponse existentielle dans les sous-bois gelés par la dernière nuit.
Le fil est à ma porte et parle par énigmes. Je ne comprends pas tout, mais me laisse porter par ce fil invisible, effeuillage incertain, ce fil qui me relie au monde de demain.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(21) HAÏKU 43
Ils sifflent l’espoir d’un jour au parfum de miel Un air de Cybèle
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(22) DOUBLE
A la frontière de l’irréel apparaît une silhouette. Elle s’approche à pas de lune. Quel est son nom ? Quelle est sa quête ?
Ce n’est sans doute qu’une illusion, sa propre image qu’on projette là où l’espace est inconscient, là où les rêves se reflètent.
A la frontière de l’irréel, quel est ce double qu’on accepte ? Celui qu’on est ou qu’on sera après l’orage et la tempête.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(23) HAÏKU 44
Croque le soleil Croque-le à pleines dents quand il vole au vent
Ann Rocard
Photo de l'auteure... à l'envers (l'auteure ou la photo ?)
(24) LA TERRE NE TOURNE PLUS ROND
Pieds en l’air et tête en bas, quelque chose ne va pas, la Terre ne tourne plus rond. Il pleut des larmes de ciel et les cœurs sont en dentelle.
Tête en bas et pieds en l’air, l’océan est en colère. La Terre quitte son ellipse, glisse sur la Voie Lactée et la mer est médusée.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(25) PHILANTHROPIQUES
Ils suivaient des routes tracées qui se croisaient parfois le soir sans pour autant se rencontrer. Echanges brefs et illusoires.
Au long des chemins elliptiques, le regard fixé sur eux-mêmes, ils se disaient philanthropiques, ignorant le moindre dilemme.
Ils croyaient être les meilleurs, ils connaissaient la Vérité. Mais les mots n’ont pas de valeur si l’on ne sait les partager.
Un jour, les routes se distendent et les certitudes s’effritent. Ils découvrent un no man’s land... Mais qu’arrivera-t-il ensuite ?
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(26) HAÏKU 45
Pris dans l’engrenage d’un destin qui les opprime Tourner une page ?
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(27) CUEILLE TA VIE À PLEINES MAINS
La vie vient comme elle est. Vie de rêve ou de peur. Rivière qui serpente entre les champs de fleurs ou les rochers abrupts, les arbres qui s’effeuillent... évitant de justesse les gouffres, les écueils.
Cueille-la ce matin. Cueille sans hésiter ta vie à pleines mains.
Suis le vol d’un oiseau et son parfum d’anis. Ecoute la complainte de tous les myosotis : « Surtout ne m’oublie pas ! C’est le nom que je porte. Vergiss, Vergissmeinnicht, ou bien forget-me-not ! »
Cueille-la ce matin. Cueille sans hésiter ta vie à pleines mains.
Car la vie est en toi, soleil venu d’ailleurs. Il brille dans tes yeux, il vibre dans ton cœur. Et tu sais partager ce bouquet de rayons, ces éclats de lumière dénués de raison.
Cueille-la ce matin. Cueille sans hésiter ta vie à pleines mains.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(28) SUR LA POINTE DES PIEDS
Sur la pointe des pieds, il effleure l’écume. La mer est déchaînée et les embruns parfument un songe rose et gris.
Sur la pointe des pieds, il atteint l’horizon. Le Noroit courroucé joue à saute-mouton, mais qu’importent ses cris.
Sur la pointe des pieds, il survole les vagues. Le jour s’en est allé et la brume divague en attendant la nuit.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(29) HAÏKU 46
Des mots — des regards des vies aux mille visages Un même langage
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(30) IMAGE EN MIROIR
Une image en miroir révèle un autre monde où fusent des questions, des pensées vagabondes. Le portrait déformé d’un lointain irréel sur lequel le regard glisse ou se renouvelle.
Du feuillage immergé montent des étincelles, des souvenirs fanés, de vieilles ritournelles. Picorer un fragment, l’embellir au soleil, revisiter l’espoir d’un jour bleu qui s’éveille.
L’image se dédouble, nous berce d’illusions. Qui étions-nous alors ? Un point à l’horizon... Les racines d’un arbre plongent dans l’océan de sourires de marbre, prisonniers d’un étang.
Cette image en miroir qui s’efface parfois, nous attire au-delà des frontières du soi. Les ombres et reflets de ce monde extérieur ne sont que les aspects des battements d’un cœur.
Ann Rocard
Suite des Poèmes de l'aube de MAI à AOÛT 2021 : Suite du challenge 2021
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Date de création : 03/01/2021 : 21:27
Dernière modification : 01/09/2023 : 06:51
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