Nouvelles histoires du loup qui avait peur de tout
marionnette réalisée par l'auteur pour raconter l'histoire de Garou-Garou d'après l'illustration de Philippe Matter dans le livre "Le loup qui avait peur de tout" (1e parution 1989 aux éditions Rouge et Or - puis aux éditions Nathan)
A vous d'illustrer ces nouvelles histoires !
LE LOUP QUI ÉTAIT DÉGUISÉ EN GRAND-MÈRE
C'était un énorme loup aux oreilles velues, aux longues dents pointues ; il s'appelait Garou-garou. Depuis qu’il habitait chez la grand-mère de Noémie, il n’avait plus peur de tout, ni des moustiques ni des toutous.
Aujourd’hui, un goûter déguisé était prévu pour fêter l’anniversaire de Noémie. La petite fille enfila un costume de fée en expliquant : « Mes copains et mes copines ne savent pas qu’il y a un vrai loup à la maison. Toi aussi, tu dois te déguiser. — En pompier ? En souris verte ? demanda Garou-garou. — Non, dit Noémie. J’ai une meilleure idée. »
Elle rapporta de la chambre de sa grand-mère : une chemise de nuit en dentelle, des pantoufles de vair, une charlotte et des lunettes sans verre.
Garou-garou s’habilla et s’admira dans la glace : « Miroir, mon beau miroir, qui est la plus belle grand-mère du pays ? » Mais il se mit à trembler car l’image de la glace n’était pas très rassurante. Le petit Chaperon rouge n’avait pas les yeux en face des trous : c’était tellement facile de reconnaître un loup déguisé en grand-mère ! « J’ai une drôle de tê… tête », bafouilla Garou-garou.
Noémie ouvrit la boîte de maquillage de mamie Coralie et elle barbouilla le museau de son ami avec de la poudre blanche et des paillettes. « J’ai toujours une drôle de tê… tête », ronchonna le loup.
Pendant ce temps, mamie Coralie avait préparé le buffet : des guirlandes de bonbons, des sucettes, des verres et des pailles multicolores, des boissons et un gros gâteau au chocolat. Dring ! La sonnette retentit. Les copains et les copines de Noémie arrivèrent en répétant : « Bon anniversaire ! Bon anniversaire ! »
Hugo était un pirate balafré, Pauline une terrible sorcière, Mathieu un monstre baveux. Garou-garou fronça ses sourcils de loup et se pencha vers Noémie : « Tu es sû… sûre qu’ils ne sont pas… pas vrais ? — Mais oui, gros bêta ! dit la petite fille en riant. Ce sont des déguisements. »
Nicolas, lui, portait un costume de loup poilu. Il montra Garou-garou du doigt : « Oh ! Un garçon déguisé en loup déguisé en grand-mère, comme dans l’histoire du petit Chaperon rouge ! Il est aussi grand qu’un papa… C’est extraordinaire ! »
Garou-garou n’était pas rassuré. D’accord, il était moins peureux qu’avant, mais il ne fallait pas exagérer. Il allait encore faire des cauchemars toute la nuit à cause du monstre baveux et de la sorcière.
À ce moment-là, la porte s’ouvrit de nouveau : un grand fantôme, vêtu d’un drap blanc, bondit dans la pièce. Garou-garou poussa un hurlement : OUOUOUOUOUH ! et il plongea sous le buffet.
Le fantôme portait un sac. Il décrocha la guirlande de bonbons et la mit dedans. « Arrête tout de suite ! » cria mamie Coralie en colère.
Le fantôme saisit le gâteau et les sucettes. Noémie, furieuse, tira sur le drap… sous lequel se cachait Lucas, le grand cousin de Nicolas ! Noémie n’en revenait pas : « Ça alors ! Tu n’es même pas invité et tu dévalises le buffet ! — Eh eh eh… » Lucas ricana et continua comme si de rien n’était.
Alors Noémie ordonna : « Garou-garou à la rescousse ! » Sans hésiter, Garou-garou sortit de sa cachette. Il enleva la charlotte, les lunettes, la chemise de nuit en dentelle et les pantoufles de vair… Un vrai strip-tease ! Et il grogna comme un loup : « GRRRRRRRRRRRRRRRRRR ! »
Effrayé, Lucas lâcha le sac et il s’enfuit loin de la maison. « Bon débarras ! » dit Nicolas. Et il se tourna vers Noémie : « Ton copain, il est génial. Et son déguisement de loup est encore mieux que le mien. »
Mamie Coralie remit le buffet en ordre, puis alluma les bougies. Noémie sauta sur les épaules de Garou-garou, et les invités applaudirent : « Hourra ! Bravo ! Quel super anniversaire ! — Je ferai mieux la prochaine fois », promit Garou-garou, très fier.
LE LOUP QUI VOLAIT PLUS HAUT QUE LES VOLEURS
C'était un énorme loup aux oreilles velues, aux longues dents pointues ; il s'appelait Garou-garou. Avant de devenir l'ami de Noémie, il avait peur de tout. Maintenant, il était devenu très courageux. Une fois, il avait même sauvé mamie Coralie qui était en train de se noyer.
Cet après-midi, Noémie déclara : "Je vais accompagner ma grand-mère. Elle doit acheter de nouvelles lunettes. C’est toi qui garderas la maison. — Je ne suis pas un chien, protesta Garou-garou. — N’ouvre à personne ! ordonna mamie Coralie en sortant. — Promis", jura le loup.
La deux-chevaux de la vieille dame s’éloigna et Garou-garou se retrouva tout seul.
Il était devenu très courageux, mais il y avait des limites... Il n’aimait pas le vent qui sifflait et les grands arbres qui se balançaient au-dessus du toit.
Très inquiet, il se rongeait les griffes et répétait : "Le ciel va me tomber sur la tête. Un papa... Un parapluie, s’il vous plaît !"
Au même instant, des coups retentirent et une voix demanda : "Oh là ! Y a-t-il quelqu’un ? Je vends des parapluies et des brosses à dents ! — Ça tombe bien", murmura Garou-garou.
Il se regarda dans la glace : il lui faudrait une brosse neuve pour ses dents pointues... et un parapluie super-hyper-méga-solide. Mais il avait promis de n’ouvrir à personne.
Il s’approcha donc de la porte et imita la voix de la grand-mère de Noémie : "Oui, oui... C’est moi, Coralie. — Etrange, dit le marchand. Vous avez la voix comme une râpe. Ça me rappelle quelque chose... — J’ai un chien... non un chat dans la gorge", expliqua le loup.
Il avait posé sa patte sur le rebord de la fenêtre ; le marchand l’aperçut et répéta : "Etrange. Vous êtes une vieille dame très poilue. Ça me rappelle quelque chose... Ouvrez donc, chère madame, je vous offrirai des échantillons."
Garou-garou jeta un coup d’œil par le trou de la serrure : aïe, aïe, aïe ! le marchand portait un masque sur la figure, un loup noir comme les bandits ! "J’ai toutou... J’ai tout compris : c’est un voleur, et j’ai hoho... j’ai horreur des voleurs."
Sans hésiter, le loup plongea dans la réserve de pommes en tremblant tellement qu’il la transforma en compote.
Enfin, il se calma et dressa l’oreille : le voleur grimpait sur le toit. Lui aussi, ça lui rappelait quelque chose : l’histoire du père Noël ou des trois petits cochons !
Vite, Garou-garou voulut allumer le feu dans la cheminée. Trop tard ! Le bonhomme masqué était déjà là ! Il avait grimpé sur le toit et maintenant il se tenait là, dans l'âtre.
Garou-garou respirait à peine : le voleur allait l’assommer, le réduire en purée ! Mais non, pas du tout ! Le bonhomme masqué écarquillait les yeux, l’air terrifié : "Aaaah ! C’est un loup ! Ça me rappelle quelque chose... Aaaah ! Il a dévoré la vieille dame comme dans le conte du petit... — Poupou... Poucet ? bafouilla Garou-garou, pas rassuré du tout. — Non ! Du petit Chaperon rouge..." gémit le voleur.
À ce moment-là, la porte de la maison s’ouvrit ; mamie Coralie et Noémie étaient de retour. Et le voleur hurla : "Aaaah ! Le fantôme de la grand-mère qui va errer pendant des siècles et des siècles ! Au secours ! A moi !"
Et il s’enfuit à toute vitesse en agitant les bras. "On dirait qu’il s’envole, remarqua Noémie. — Normal pour un voleur, expliqua le loup. On l’a échappé belle : il est entré par la cheminée et sorti par la porte sans rien emporter."
Mamie Coralie n’avait pas encore ouvert la bouche. Elle essuya ses nouvelles lunettes et se tourna vers Noémie : "Bravo ! Ton ami est un vrai chien de garde. Donne-lui le cadeau que nous lui avons rapporté."
Noémie tendit à Garou-garou un grand parapluie rouge : un parapluie super-hyper-méga-solide... et quand le vent s’y engouffra, Garou-garou s’envola au-dessus des arbres en riant. C’était le seul loup qui volait plus haut que les voleurs !
LE LOUP QUI PLONGEAIT DANS LES POUBELLES
C'était un énorme loup aux oreilles velues, aux longues dents pointues ; il s'appelait Garou-garou. Avant de devenir l'ami de Noémie, il avait peur de tout. Maintenant, il se croyait le loup le plus courageux de la terre, et il ne tremblait plus du tout...
Depuis un mois, il vivait dans une caravane, au camping municipal. "C'est ma maison à moi ! disait-il fièrement. Une maison sur roues, le rêve de tous les loups !"
Noémie lui rendait souvent visite. Elle lui avait même offert un cadeau extraordinaire pour son anniversaire : un super-microscope avec écran ! Et Garou-Garou passait des heures à observer un poil de loup, un pépin de pomme, une feuille de chou ou le célèbre microbe Scoubidoubidou...
Un matin, le gros loup s'éveilla et il eut une sensation bizarre : "ça" le grattait ! Quoi donc ? Sa tête le grattait !
Inquiet, il n'osait pas sortir de son lit. Etait-il malade ? Avait-il attrapé la terrible maladie de la Grattatouille ?
Soudain, quelqu'un frappa à la porte et le loup bafouilla : "Ti... Ti... Tirez la trottinette et la bicyclette cherra... — Ne dis pas n'importe quoi !" s'amusa Noémie en entrant dans la caravane.
Etonnée, la petite fille s'approcha du lit : "Tu es encore couché ?" Et elle ajouta en admirant la superbe chemise de nuit en dentelle que portait Garou-Garou : "Oh, que tu es beau ! Qui t'a offert cette magnifique chemise ? — Mon grand-père, souffla Garou-Garou. Tu te souviens... Celui qui avait mangé le petit Chap... — Quoi ? s'écria Noémie, horrifiée. Tu portes la chemise de nuit de sa grand-mère ? — Oui, dit Garou-Garou. Mais c'est un secret... Il ne faut pas le répéter."
La petite fille fit comme si elle n'avait rien entendu. Elle s'assit au pied du lit et observa son ami : "Comme tu as de grandes oreilles ! — Je sais. On me l'a déjà dit... — Et tu n'as pas l'air dans ton assiette", s'inquiéta Noémie.
Le loup montra sa tête et murmura : "Ça me gratte... là !" Noémie soupira. Calamité ! Elle devinait de quoi il s'agissait. Elle sortit de sa poche un peigne fin et ordonna : "Penche-toi vers moi !"
Garou-Garou obéit en roulant de gros yeux. La petite fille lissa lentement l'épaisse crinière noire... et elle déposa une minuscule bestiole sur la plaque du microscope. AAAAAAAAAAh ! Horreur ! Un monstre apparut sur l'écran lumineux : poilu, pattu, lustucru !
Garou-Garou gesticula. Il envoya valser sa superbe chemise de nuit et il bondit sur son lit en hurlant comme un loup : "OUOUOUOUh ! Au fou, au loup, au chou ! J'ai la berlue !"
Puis il plongea, la tête la première, dans la poubelle de sa caravane.
Noémie éclata de rire : "Ah, ah, ah ! Pas au chou... mais au pou ! — Pou... Pou... Poubelle ? bredouilla Garou-Garou, toujours dans sa cachette. — Sors vite et viens voir ! dit doucement la petite fille. C'est un pou-pas-beau, pas une poubelle."
Tout tremblant, le loup s'approcha du microscope : "Ce mon-mon... Ce monstre vit dans ma tête ? Maman, c'est affreux... — Oh, il y en a sûrement plein d'autres, dit Noémie. — Une cococo... Une colonie de vacances dans ma fourrure non synthétique ? gémit Garou-Garou. Une armée de lustucrus ? Je suis cuit... Je suis perdu..."
La petite fille calma son ami, puis elle courut chercher un produit spécial : "C'est ma maîtresse Marie-Rose qui me l'a donné. Un shampoing anti-poux ! — En Tipou ? Qu'est-ce que le Tipou ?" tremblota Garou-Garou en entrant dans la cabine de douche.
Après un bon shampoing, les poux disparurent. Chaque jour, Noémie vérifia que les monstres poilus, pattus, lustucrus, n'étaient pas revenus.
Et elle donna à Garou-Garou une bouteille d'eau de lavande : "Quelques gouttes sur ta brosse tous les matins et tu ne les verras jamais plus."
Garou-Garou hocha la tête : il était un peu moins courageux qu'il ne le pensait. Il avait encore des progrès à faire. Car "avoir peur du loup", ce n'était pas si terrible que ça... Mais "avoir du pou", c'était pire que tout !
Garou-Garou
Date de création : 23/02/2012 : 10:30
Dernière modification : 20/12/2012 : 10:02
Catégorie : Histoires (enfants)
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