Une autre histoire de ZOÉ MOUSTIC DU GRAND CIRQUE PLIC :
Paru en 2009 aux éditions Oskar. Illustrations de Thierry Christmann.
LE KABOSSIEN PAS MALIN
Ann Rocard
À vous de l'illustrer !
Zoé est allée chercher des fraises des bois, non loin du cirque. Il y en a plein dans la forêt de chênes et de châtaigniers, juste à côté.
Elle arrive dans une clairière quand tout à coup, une lumière bizarre scintille au-dessus des arbres.
Oh ! Une soucoupe volante dorée survole les environs et se pose sans bruit parmi les fleurs.
« Au secours ! hurle Zoé qui lâche son panier. Les envahisseurs sont de retour ! »
Elle veut s’enfuir, mais la soucoupe lui barre la route.
Hop ! Un drôle de bonhomme saute sur le chemin : un petit bonhomme bleu avec trois yeux lumineux et cinq antennes dressées sur la tête.
Il interroge Zoé : « Do you speak english ? (ça veut dire « Parlez-vous anglais ? » en anglais). – Hein, hein ? » bredouille Zoé. Même si elle a appris un peu d’anglais à l’école, elle n’y comprend rien.
« Sprechen Sie Deutsch ? demande le drôle de bonhomme. (ça veut dire « Parlez-vous allemand ? » en allemand). – Quoi ? C’est du chinois ? s’écrie Zoé. – Ah, tu parles français, dit le bonhomme avec un large sourire et un accent bizarre. Tant mieux ! J’ai justement un devoir de français cet après-midi. »
Zoé sourit aussi : cet envahisseur n’a pas l’air dangereux. Il lui tend même une sucette géante et des biscuits au chocolat.
« Merci, dit-elle. Quel est ton nom ? – Bêta-bêta. – Moi, je m’appelle Zoé. D’où viens-tu ? – Je viens de la planète Kabosse, répond le bonhomme bleu. Les savants prétendent qu’il n’y a personne là-haut, mais ils se trompent. Nous sommes bien cachés. Nous habitons dans des rochers… »
Et Bêta-bêta raconte à Zoé tout ce qu’il fait sur sa planète. Puis il fait grésiller ses antennes : « Il y a un problème… – Quel problème ? – Je ne suis pas très malin, explique Bêta-bêta. Je suis même le moins malin de tous les Kabossiens, toujours le dernier à l’école. J’aimerais que tu m’aides un peu, juste pendant une journée. »
La petite fille pèse le pour et le contre ; une journée, ce n’est pas très long. Elle sera de retour ce soir pour le dîner.
« C’est d’accord ? insiste le bonhomme. – D’accord ! » dit Zoé.
Hop ! Tous les deux grimpent dans la soucoupe dorée qui s’envole au-dessus de la forêt.
La soucoupe volante est si rapide qu’en une heure elle atteint la planète Kabosse, pleine de creux et de bosses.
Bêta-bêta tend un casque à la Terrienne : « Mets-le sur ta tête, sinon tu ne pourrais pas respirer. – Et je mourrais ? s’inquiète Zoé. – Certainement ! » dit le Kabossien.
Zoé obéit et suit Bêta-bêta sur sa planète.
Le Kabossien pas malin l’entraîne vers son école. Les élèves ne sont pas encore arrivés. Tous les deux entrent dans la classe et Bêta-bêta cache Zoé sous son bureau en lui conseillant : « Quand la maîtresse arrivera, surtout ne bouge pas. – Je vais attraper des crampes, soupire la petite fille. – Avale cette pilule rose et tout se passera bien », dit le Kabossien en lui donnant un bonbon minuscule.
La porte de la classe s’ouvre. Mademoiselle Bachibouzette entre dans la pièce et s’étonne : « Tiens… Tu es déjà là, Bêta-bêta ? – Heu… ma monmon, bafouille le Kabossien, ma montre supersonique avance un peu. – Ce n’est pas grave, dit la maîtresse. Voici les autres élèves. Nous allons commencer les devoirs. »
Les petits Kabossiens s’assoient à leur place. Mademoiselle Bachibouzette trace des chiffres et des lettres sur le tableau jaune citron.
Au fur et à mesure, Bêta-bêta les recopie sur une plaque de zikoula, une matière spéciale de la planète Kabosse, et il la glisse sous son bureau. Zoé fait aussitôt les problèmes de mathématiques et les exercices compliqués. Elle corrige même les fautes de la dictée de français.
À la fin de la journée, Bêta-bêta rentre chez lui avec son carnet de notes : pour la première fois de sa vie, il est le meilleur de la classe ! Zoé le suit discrètement et lui souffle à l’oreille : « Ce n’est pas une solution. – Pourquoi ? dit le Kabossien. – Je vais retourner sur la Terre et tu seras de nouveau le dernier. »
Bêta-bêta fait clignoter ses trois yeux et il pleurniche : « Qu’est-ce que je peux faire ? – J’ai une idée, dit Zoé. Je vais tout t’expliquer… – Les tables ? Les mots difficiles ? demande le Kabossien. – Tout ce que je connais. »
Bêta-bêta et sa nouvelle maîtresse s’installent à l’abri d’un gros rocher. Et le petit Kabossien, qui n’est pas si bête que ça, comprend vite ce que lui raconte la petite fille.
Un jour passe, puis deux, puis trois…
Une semaine entière s’est écoulée. Bêta-bêta est devenu le plus malin de tous les Kabossiens. Mais Zoé est très inquiète : « Je suis partie depuis huit jours, sans même prévenir mon grand-père. »
Bêta-bêta la rassure : « Ici, les jours ne durent pas aussi longtemps que sur la Terre. Je vais te raccompagner chez ton papi qui n’aura même pas eu le temps de se faire du souci. – C’est sûr ? – Oui, parole de Kabossien ! » dit Bêta-bêta qui ouvre la porte de sa soucoupe volante.
Il n’a pas menti ! Quand la soucoupe dorée se pose sur la Terre, la nuit n’est pas tombée. Zoé ramasse son panier qu’elle avait laissé dans la clairière et elle remarque : « Je n’ai trouvé aucune fraise des bois. »
Le Kabossien le remplit de grosses boules bleues : « Ce sera un souvenir de ma planète. Chez nous, les fraises ne sont pas pareilles, mais elles ont le même goût. Maintenant, rentre vite chez toi ! »
Zoé embrasse Bêta-bêta qui lui promet de revenir la voir.
Quelques secondes plus tard, la soucoupe dorée s’envole et disparaît entre les nuages. « À bientôt, murmure Zoé. À bientôt et bon voyage ! »
Date de création : 20/11/2009 : 15:15
Dernière modification : 20/12/2012 : 10:09
Catégorie : Histoires (enfants)
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